La banque d’affaires Lehman Brothers lynchée en Bourse faute d’avoir su convaincre

 
 
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éricaine Lehman Brothers le 18 mars 2008 à New York (Photo : Hiroko Masuike)

[11/09/2008 21:41:25] WASHINGTON(AFP) (AFP) Après une journée d’hésitation, les marchés ont rendu jeudi un verdict sans appel sur Lehman Brothers: le plan de restructuration présenté la veille par la banque d’affaires a été jugé insuffisant, provoquant le plongeon du titre à Wall Street.

Le répit aura été maigre et de très courte durée. Si la chute de l’action Lehman Brothers a été freinée mercredi avec la publication avancée de ses résultats trimestriels et l’annonce de mesures stratégiques, cela n’a été que pour tomber plus brutalement jeudi.

L’action Lehman a terminé en chute de 41,79%, à 4,22 dollars, en clôture de séance. Son cours a été divisé par plus de 13 depuis le début de l’année.

D’abord hésitants, les investisseurs ont finalement fait leur choix: sans sauvetage par un “chevalier blanc”, la plus petite banque d’affaires de Wall Street ne s’en sortira pas seule.

Son PDG Richard Fuld a fait miroiter mercredi “des comptes bien nettoyés”, “une réduction du risque et un redimensionnement du groupe” grâce à la vente d’une participation majoritaire de ses activités de gestion d’actifs, à la séparation de la plupart de ses actifs dans l’immobilier commercial et à la quasi-annulation de son dividende.

Mais les marchés ont préféré se focaliser sur une perte trimestrielle de 3,9 milliards de dollars et l’échec de négociations menées avec le sud-coréen KDB, qui a préféré jeter l’éponge.

“Ce que la direction a présenté comme une nouvelle stratégie semble être une imposture. En fait, les seuls événements sont que le groupe a annoncé une grosse perte et a réduit son dividende”, juge, dans une note, Richard Bove, analyste de Ladenburg Thalmann.

“Lehman a l’intention de ne rien faire”, tranche-t-il.

Après le sauvetage en catastrophe de la banque d’investissement Bear Stearns en mars et celui des organismes de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac dimanche, l’arrivée soudaine d’un chevalier blanc, public ou privé, est perçue comme la seule issue possible.

“On craint que ce qui est arrivé à Bear Stearns se reproduise avec Lehman: que ses affaires se détériorent si rapidement que personne ne pourra plus empêcher l’écroulement de la société”, souligne Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald.

Avec une capitalisation boursière tombée à moins de trois milliards de dollars, en chute de 70% en une semaine, Lehman Brothers vaut moins que Bear Stearns au moment de son rachat au rabais il y a six mois.

“Il est de plus en plus clair qu’une intervention extérieure, prenant la forme d’un rachat hostile, est une nécessité. Regarder les résultats baisser au fur et à mesure, alors que les clients s’en vont, n’aboutira à rien”, ajoute M. Bove.

En soirée, le Wall Street Journal rapportait que la banque avait fait le deuil de son indépendance et s’activait pour trouver un acheteur.

Mais seule Bank of America était citée comme candidat possible. D’autres repreneurs pourraient toutefois se manifester si les pouvoirs publics apportaient des garanties à l’opération, comme cela avait été le cas en mars lors de la reprise de Bear Stearns par JPMorgan.

L’agence financière Moody’s a averti mercredi que “la capacité de Lehman à infléchir le sentiment du marché à son égard est cruciale”.

Le lynchage boursier de Lehman a entraîné jeudi d’autres banques dans la tourmente, principalement Merrill Lynch (-16,61% à 19,43 dollars).

“De toutes les banques sur lesquelles ont couru des rumeurs d’exposition au marché hypothécaire, Washington Mutual et Merrill Lynch sont au sommet de la liste”, a souligné M. Pado. “En vendant au rabais ses créances hypothécaires, Lehman force toutes les autres banques présentes sur ce secteur à réduire la valeur de leurs propres créances”.

 11/09/2008 21:41:25 – Â© 2008 AFP