Déficits : l’Europe s’accorde un peu de souplesse face à la crise

 
 
[12/09/2008 18:04:32] NICE (AFP)

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çais de l’Economie Christine Lagarde (c) et du Luxembourg Jeannot Krecke (g) et le president de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker (d), le 12 septembre 2008 à Nice (Photo : Dominique Faget)

Les pays de la zone euro ont exclu vendredi un plan de relance européen pour répondre aux menaces de récession économique, mais ont décidé de se donner un peu de marge de manoeuvre budgétaire, sans pour autant laisser filer les déficits.

“Nous avons exclu, et cela depuis des mois, de lancer un plan de relance européen”, comme celui qu’ont initié l’an dernier les Etats-Unis, a souligné le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l’issue d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Nice (Sud de la France).

“Tout d’abord, les mécanismes de transmission d’un plan de relance vers les comportements des consommateurs ne sont pas exactement les mêmes en Europe qu’aux Etats-Unis”, a-t-il dit.

Par ailleurs, “nous avons fait dans plusieurs pays d’Europe de très mauvaises expériences dans les années 70, où de grands plans de relance ont été lancés, avec un effet de très courte durée et avec pour conséquence un élargissement des déficits”, a-t-il ajouté.

Le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück a affirmé également avec force être “contre un plan conjoncturel”. “Cela n’a aucun sens de brûler l’argent”, a-t-il dit.

Face au ralentissement économique, les ministres veulent cependant se donner un peu de lest, en “laissant jouer” leurs “stabilisateurs automatiques”, a indiqué M. Juncker, qui a été reconduit lors de la réunion à la tête de l’Eurogroupe pour un troisième mandat de deux ans.

Ce mécanisme, prévu par le Pacte de stabilité et de croissance de l’UE, prévoit que les gouvernements puissent laisser le budget se détériorer un peu lors des phases de dépression économique, à condition que les limites fixées en Europe ne soient pas dépassées, à savoir un déficit ,’allant pas au delà de 3% du PIB.

Normalement, il s’applique surtout aux pays qui, contrairement à la France ou l’Italie par exemple, disposent de surplus budgétaires accumulés pendant les périodes de vaches grasses, ou affichant des déficits réduits.

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet arrive au Palais des exposition, le 12 septembre 2008 à Nice (Photo : Stephane Danna)

Mais là, “l’idée, c’est de permettre aux pays qui vont connaître une augmentation de leur déficit de ne pas lutter contre ce phénomène. Cela s’appelle du réalisme économique”, a expliqué une source proche d’une délégation à Nice.

En résumé: “l’idée c’est que l’on accepte que les budgets puissent dériver, surtout en 2009”, ajoute ce responsable.

Néanmoins, a prévenu M. Juncker, “il n’est pas question de laisser filer les déficits publics”.

Une manière de mettre en garde les pays, comme la France, dont le déficit s’approche dangereusement de cette limite de 3%.

Les ministres ont par ailleurs fait un “diagnostic commun”: celui que la “ralentissement de la zone euro était plus prolongé que ce que nous envisagions avant l’été”, a noté M. Juncker. Mais il a estimé que l’Europe n’était pas menacée pour autant d’une récession généralisée.

“Il faut distinguer récession et récession technique”, caractérisée par deux trimestres consécutifs de recul du PIB, a-t-il dit, le deuxième scénario n’étant lui pas exclu.

Les craintes d’une récession ont pris de la consistance en zone euro, alors que le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier, sur fond de ralentissement mondial et de flambée des prix pétroliers et alimentaires.

Face à la crise, les pays européens devraient par ailleurs décider samedi d’engager la Banque européenne d’investissement (BEI) dans un grand programme de financement en faveur des PME-PMI confrontées à une raréfaction du crédit.

“C’est un sujet auquel je tiens absolument, parce que je crois que c’est par ce biais du financement des PME que l’on arrivera à soutenir la croissance”, a souligné la ministre française des Finances Christine Lagarde, dont le pays préside l’UE.

 12/09/2008 18:04:32 – Â© 2008 AFP