[12/09/2008 17:58:46] NEW YORK (AFP) L’ouragan Ike, qui fondait vendredi sur les côtes texanes, privait les Etats-Unis d’environ 20% de leur capacité de raffinage au moment où les stocks d’essence du pays sont au plus bas, laissant présager une poussée des prix à la pompe pour les consommateurs américains. Si la production de pétrole des plateformes off-shore du golfe du Mexique était en grande partie interrompue, après l’évacuation par précaution des employés, la trajectoire suivie par l’ouragan semblait devoir les épargner. Mais “la menace pour l’industrie pétrolière porte davantage sur les raffineries que sur les installations off-shore”, estime Phil Flynn, analyste spécialiste du pétrole chez Alaron Trading. Le centre de l’ouragan devrait toucher vendredi soir Galveston, la ville côtière la plus proche de Houston, capitale du raffinage aux Etats-Unis. Selon un relevé fourni par Andy Lipow, un expert du secteur basé au Texas, les 9 raffineries autour de Houston, ainsi que les 4 raffineries autour de Beaumont et Port-Arthur étaient arrêtées après l’évacuation de leur personnel. Ces 13 raffineries représentent une capacité de 3,7 millions de barils par jour, soit un cinquième de la capacité de production du pays. Elles sont exploitées principalement par les groupes américains ConocoPhillips, ExxonMobil et Valero, mais aussi par l’anglo-néerlandais Shell ou le français Total. Une fois l’ouragan passé, il faudra au moins 10 à 14 jours pour relancer la production, une fois que le personnel sera retourné sur place et que l’électricité remise, explique M. Lipow. Et en cas de dégâts, la remise en service pourra prendre “plusieurs mois”, souligne l’analyste. Après le passage dévastateur de Katrina en Louisiane, en 2005, il avait fallu attendre neuf mois pour voir toutes les raffineries fonctionner à nouveau normalement. Dans un bulletin spécial diffusé jeudi soir, les services météorologiques américains ont affirmé que la région de Galveston allait être complètement inondée. La montée des eaux pourrait dépasser 6 mètres. Or, s’alarme M. Lipow, “à partir de 5,5 mètres, plusieurs raffineries vont subir des inondations significatives”. Les craintes quant aux dégâts que pourrait provoquer Ike sont d’autant plus vives que les raffineries américaines sont vieillissantes. Au Texas, certaines fonctionnent depuis plus de 75 ans. Cette menace sur l’industrie de raffinage de la côte du golfe du Mexique intervient alors que les stocks d’essence, à 187,9 millions de baril au 5 août, sont inférieurs depuis la semaine dernière à leur moyenne basse pour cette période de l’année, indiquait mercredi le département américain de l’Energie (DoE). Au plus bas depuis 2000, ces réserves pourraient tomber dans les prochaines semaines à un niveau plus vu depuis 18 ans, estime M. Lipow. Elles ont déjà pâti du passage la semaine dernière de l’ouragan Gustav, qui a privé temporairement le pays de plus de 10% de sa capacité de raffinage. Résultat: “l’offre d’essence va rester tendue pendant plusieurs mois”, avance M. Lipow. Si cette perspective a eu assez peu d’effet sur le prix du pétrole brut, qui ne prenait vendredi qu’environ un dollar, les prix de l’essence ont commencé à s’affoler. Sur la côte du golfe du Mexique, les prix de gros de l’essence ont bondi à plus de 5 dollars le gallon (3,78 litres). Les prix de l’essence ordinaire à la pompe étaient en moyenne la semaine dernière aux Etats-Unis de 3,648 dollars le gallon (3,551 dollars dans la zone du Golfe du Mexique), selon le DoE. A leur plus haut, en juillet, ils avaient atteint 4,11 dollars. “A l’échelle du pays, les prix vont monter d’environ 20 cents le gallon, au moins pour un mois”, pronostique M. Lipow. |
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