[13/09/2008 10:36:15] BERLIN (AFP) La renationalisation annoncée cette semaine de l’imprimerie nationale allemande a relancé le débat sur les privatisations, présentées comme la panacée à la fin du siècle dernier, en pleins préparatifs de celle de l’opérateur du rail Deutsche Bahn. Vendue en 2000 par le gouvernement social-démocrate au fonds d’investissement britannique Apax, cette imprimerie qui fabrique notamment les passeports et permis de conduire a échappé de justesse à la faillite deux ans plus tard. Rachetée par un autre investisseur pour un euro symbolique, elle cherchait à nouveau preneur depuis le début de l’année. Ce sera finalement l’Etat, pour plus de 800 millions d’euros, selon la presse, après l’avoir vendue un milliard. En repassant sous tutelle de Berlin, l’imprimerie est pratiquement assurée de se voir confier la fabrication des nouveaux passeports biométriques des Allemands. Le ministère de l’Intérieur se réjouit, qui évoquait des problèmes de confidentialité et de sécurité nationale. Même le ministère des Finances tente de faire bonne figure: “ce n’est pas un désastre”, a commenté vendredi un porte-parole, assurant que l’entreprise avait “sa place dans la concurrence”. Il n’en reste pas moins que “les privatisations ont perdu leur aura de solution miracle aux problèmes de l’Etat”, écrivait vendredi le quotidien Süddeutsche Zeitung, un avis généralement partagé par la presse allemande ces derniers jours. Pourtant la prochaine privatisation géante est pour bientôt: Berlin va introduire en Bourse à l’automne 25% du capital de Deutsche Bahn, un projet en discussions depuis des années. Signe d’une méfiance accrue vis-à-vis du privé à assurer certains services, l’opération ne concernera finalement que les activités de transport, et pas les réseaux et les gares; les détracteurs du projet craignaient pour le maintien des petites lignes et des gares les moins fréquentées. Les précédentes mises en Bourse des ex-monopoles nationaux, qui ont accompagné la libéralisation des marchés dans les années 90, n’ont pas fait que des heureux. Les actionnaires de Deutsche Telekom, opérateur télécom privatisé en plusieurs tranches, en savent quelque chose: l’action, dont le cours végète à Francfort, a perdu plus d’un tiers de sa valeur depuis le premier placement en 1996. Peut-être échaudés par cet exemple et par un contexte boursier morose, les salariés de Deutsche Bahn ne se bousculent pas pour acheter des actions de leur société. A ce jour, 40.000 d’entre eux ont réservé des titres, soit un cinquième du personnel allemand, a indiqué la société cette semaine. A l’époque les salariés de Deutsche Post ou encore Deutsche Telekom avaient montré nettement plus d’enthousiasme. Au niveau local, la méfiance envers les privatisations est encore plus manifeste. Dans les années 90 les communes allemandes ont vendu à tour de bras leurs opérateurs locaux d’électricité et de gaz, d’eau et de ramassage et traitement des ordures. Aujourd’hui “elles ne voient plus cela de manière aussi idéologique”, commente Rosemarie Folle, porte-parole de la fédération des régies communales VKU, mais “cherchent la meilleure solution pour elles”. Et doivent compter de plus en plus avec les résistances des citoyens. “Il y a une véritable opposition” à de nouvelles privatisations, “les politiciens locaux doivent en tenir compte”, raconte Mme Folle. A Leipzig (est), un référendum populaire a fait échouer la cession de la compagnie de gaz locale, à Rostock (nord-est), les citoyens se mobilisent pour bloquer une privatisation de l’énergie. Et une poignée de localités ont déjà amorcé le mouvement inverse, en recommençant à assurer certains services publics. |
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