[13/09/2008 14:40:36] NICE (AFP) Fannie Mae, Freddie Mac, Lehman Brothers: avec la liste des victimes de la crise du crédit qui s’allonge aux Etats-Unis, l’Europe est d’autant plus motivée pour améliorer ses capacités d’anticipation et de réaction en cas de défaillance dans son secteur financier. “Tous ceux qui disent qu’il y a de la lumière au bout du tunnel se sont rendus compte ces dernières semaines qu’en fait un train arrive dans l’autre sens”, a commenté samedi le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, après une réunion de deux jours à Nice (sud-est de la France) avec ses homologues de l’UE. “La crise financière sera à notre agenda pour encore beaucoup de mois à venir”, avait déjà prédit la veille le président de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Dernière victime en date: l’américaine Lehman Brothers, pour laquelle les pouvoirs publics américains tentent de mettre en place dans l’urgence un plan de sauvetage associant les grandes banques de New York. Cela moins d’une semaine après la mise sous tutelle des organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae, qui étaient au bord de la faillite. Pour le gouverneur de la banque de France Christian Noyer, les banques européennes restent “robustes et bien équipées face à la crise”. Son homologue de la Bundesbank Axel Weber a aussi dit s’attendre à des effets “limités” de l’affaire Lehman Brothers pour les banques allemandes si une solution est trouvée rapidement et que les autres instituts américains sont épargnés. Il n’empêche: “Nous devrions accélérer les mesures ayant un effet sur la confiance du marché”, a dit le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia, aux ministres des 27. En octobre dernier, peu après le début de la crise, ils avaient lancé une “feuille de route” visant à améliorer la transparence et la surveillance du secteur financier. Un an plus tard, la Commission européenne a initié certaines mesures. Bruxelles envisage par exemple de réguler l’activité des agences de notation, censées évaluer la capacité des emprunteurs à rembourser leurs crédits mais qui n’ont pas su prédire la crise.
Après les fusions transfrontalières des dernières années, des voix s’élèvent aussi pour une surveillance plus coordonnée du secteur financier. Actuellement, la supervision en Europe est très fragmentée et largement du ressort national. Des représentants de grands groupes bancaires et d’assurance européens, invités à la réunion de Nice, “sont favorables à une supervision plus harmonisée”, a rapporté un participant à la réunion. “Elles ne peuvent pas avoir 27 interlocuteurs différents.” Les ministres sont déjà d’accord pour harmoniser les informations demandées aux banques par les autorités nationales de surveillance européennes, “au plus tard en 2012”, a annoncé samedi la ministre française Christine Lagarde, dont le pays préside l’UE. “Aujourd’hui, lorsqu’une banque est implantée dans tous les pays de l’UE, ce n’est pas moins de 18 états déclaratifs différents qui doivent être fournis par les banques, contenant en moyenne 22.000 documents”, a-t-elle souligné. Un autre idée fait son chemin: confier la surveillance des groupes bancaires ou d’assurance transfrontaliers à des “collèges” réunissant les superviseurs nationaux concernés. Le superviseur du pays où se trouve le siège social aurait une voix prépondérante. L’Europe seule ne peut toutefois pas contrer des crises qui se propagent très vite au niveau mondial vu l’interdépendance des marchés. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a ainsi “insisté sur la nécessité d’être parfaitement coordonnés au niveau mondial”. |
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