[14/09/2008 15:10:48] LAGOS, 14 sept 2008 (AFP) Le principal groupe armé de la zone pétrolière du sud nigérian, le Mend, affirme avoir lancé dimanche à l’aube une “guerre du pétrole” et menace tous les pétroliers et méthaniers qui s’approcheront du delta du Niger, la zone d’où le Nigeria tire 90% de ses devises. “Suite à un précédent avertissement contre toute attaque de nos positions, le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend) a déclenché une guerre du pétrole après les attaques aériennes et maritimes non provoquées du 13 septembre par les forces armées”, indique ce groupe Mend dans un courriel. Le groupe armé demande à nouveau aux compagnies étrangères d’évacuer leurs personnels “car notre objectif n’est pas de prendre des otages mais de détruire les installations”. “Vers 01h00 du matin ce dimanche, l’opération Ouragan Barbarossa a commencé avec des combattants lourdement armés à bord d’embarcations parties de différentes bases du Mend dans le delta du Niger”, poursuit le mouvement qui affirme avoir détruit ou endommagé des installations pétrolières et avoir tué 22 soldats. Aucune confirmation n’était disponible dimanche après-midi de source indépendante ou militaire. Le Mend ajoute également qu’il va s’en prendre aux pétroliers et méthaniers étrangers qui s’approcheront du delta et leur conseille “de mouiller en haute mer ou de changer de cap”.
Cet avertissement est d’autant plus à prendre au sérieux qu’en juin dernier le Mend a attaqué une très importante installation de production du géant anglo-néerlandais Shell… à 120 km de la côte au sud de Lagos. Le mouvement affirme qu’il va continuer ses opérations “jusqu’à ce que le gouvernement comprenne que la solution pour apporter la paix dans le delta du Niger passe par la justice, le respect et le dialogue”. En plusieurs occasions le Mend a menacé les autorités et les compagnies pétrolières d’actions d’envergure. L’industrie a certes continué de tourner, mais en deux ans d’instabilité et de violence le Nigeria a perdu un quart de sa production quotidienne et surtout sa place très enviée de premier producteur africain de brut au profit de l’Angola. Actuellement, la production oscille entre 1,8 et 2 millions de barils par jour alors qu’il y a deux ans elle tournait autour de 2,6 mbj et que les autorités ambitionnent d’atteindre 4 mbj en 2010, un objectif totalement irréaliste pour la majorité des spécialistes. Dernier signe en date de l’instabilité du delta du Niger, l’armée nigériane a affirmé avoir repoussé dimanche matin une attaque de militants contre une installation pétrolière de l’américain Chevron. Face au Mend, qui affirme se battre pour les populations misérables du richissime delta et qui visiblement dispose de moyens logistiques et en armes importants, les autorités semblent impuissantes.
En mai, à l’occasion de son premier anniversaire à la tête du pays, le président Umaru Yar’adua avait annoncé à l’AFP un sommet sur le delta du Niger “au maximum dans huit semaines”, sommet qui n’a jamais eu lieu. Dernièrement, il a annoncé la création d’un ministère consacré au développement et à la pacification de cette région, une initiative immédiatement tournée en dérision par le Mend qui n’y voit qu’un “moyen de plus pour la corruption et le favoritisme politique”. “Avec tout ce que nous faisons, je pense que nous devrions voir la fin (du cauchemar) dans les trois prochaines années”, avait également assuré à l’AFP le président Yar’adua. Au bout de 18 mois d’administration Yar’adua, les choses ne semblent toutefois avoir guère changé: malgré l’assurance du président en mai 2007 de faire du delta l’une de ses priorités, la violence et la pauvreté demeurent des constantes, et la plupart des professionnels du pétrole interrogés par l’AFP ne voient pas d’amélioration de la situation à court terme. |
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