Crise financière : la Fed ouvre les vannes, dix banques créent un fonds anti-faillite

 
 
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à Washington (Photo : Alex Wong)

[15/09/2008 07:29:55] WASHINGTON (AFP) La Réserve fédérale a ouvert en grand les vannes dimanche, en acceptant de recevoir des banques des titres risqués et difficilement vendables en échange de bon argent sonnant et trébuchant, afin d’atténuer le choc de la probable disparition de Lehman Brothers.

Ces mesures, de nature très technique, consistent essentiellement en une amplification et une plus grande fréquence des opérations déjà en place de refinancement des banques commerciales et des banques d’affaires.

“Les mesures que nous annonçons maintenant, ainsi que les engagements significatifs du secteur privé (annoncés par un groupe de dix grandes banques), sont conçus pour atténuer les risques potentiels et les perturbations du marché”, a souligné le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke. Après un week-end d’intenses négociations, les pouvoirs publics américaines ont échoué à trouvé un repreneur pour Lehman, qui devra probablement être liquidé. L’onde de choc pourrait être considérable sur les marchés mondiaux.

Cité dans un communiqué, M. Bernanke a souligné être en “contact étroit avec d’autres régulateurs américains et étrangers, avec les autorités de supervision et les banques centrales pour surveiller et partager des informations sur la situation des marchés financiers et les sociétés dans le monde”.

Après la quasi-faillite de Bear Stearns, la Fed avait autorisé en mars les banques d’affaires, qui ne font pas appel à l’épargne publique, à se refinancer auprès d’elle, comme pouvaient le faire depuis longtemps les banques de détail. L’utilisation de cette facilité est assouplie et les banques d’affaires pourront désormais apporter en garantie des titres à la solidité incertaine, alors qu’il leur fallait jusqu’ici apporter des titres de grande qualité.

Cette mesure réduit le risque pour les banques d’affaires de se retrouver à court de liquidités, mais va dégrader la qualité du bilan de la banque centrale qui pourrait se retrouver avec des titres invendables sur les bras. La Fed ne le dit pas clairement, mais les dix grandes banques qui ont travaillé avec elle tout le week-end pour éviter une cataclysme boursier lundi l’affirment: les banques pourront aussi apporter des actions en garantie.

Les dix établissements, parmi lesquels figurent les figurent la banque en difficulté Merrill Lynch, ont annoncé qu’elles auront recours dès cette semaine à cette facilité de refinancement. Ces outils étaient jusqu’ici assez peu utilisés car y avoir recours était perçu comme un signe de faiblesse par le marché.

L’une des deux enchères organisées par la Fed pour attribuer aux banques des liquidités sera désormais tenue sur une base hebdomadaire (et non bimensuelle). Son montant sera porté de 125 à 150 milliards de dollars.

Les banques pourront apporter en garantie un éventail beaucoup plus large de titres: en fait n’importe quel titre noté “valeur d’investissement”, alors qu’auparavant seuls des titres du Trésor ou des titres notés “AAA” (la meilleure note possible) étaient acceptés à l’échange.

Le montant de l’autre enchère (50 milliards) reste inchangé.

Les dix interlocutrices de la Fed ont par ailleurs annoncé la mise en place d’un fonds de 70 milliards de dollars dans lequel elles pourront puiser si elles devaient risquer de se retrouver à court de liquidités.

Chacune des banques participantes amènera 7 milliards de dollars et chacune pourra obtenir jusqu’au tiers du montant du fonds en cas de difficultés de refinancement, ont-elles annoncé dans un communiqué commun.

Les participants à ce fonds “anti-faillite” sont les banques américaines Bank of America, Citibank, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Merrill Lynch, Morgan Stanley, la britannique Barclays, l’allemande Deutsche Bank et les suisses Crédit Suisse et UBS. La taille de ce fonds devrait être amené à croître dans la mesure où d’autres banques sont invitées à le rejoindre.

 15/09/2008 07:29:55 – Â© 2008 AFP