[15/09/2008 19:43:22] PARIS (AFP) Les banques françaises pensaient avoir soldé les comptes de la crise financière mais la débâcle de leur consoeur américaine Lehman Brothers les replonge dans la tourmente, comme en témoigne la forte baisse lundi de leur cours de Bourse. Le ministère de l’Economie s’est toutefois voulu rassurant lundi soir, estimant que les “répercussions” de la quasi-faillite de Lehman sur les banques françaises seraient “limitées”, après une réunion de la Commission bancaire, l’autorité de contrôle des banques. “Les engagements des établissements de crédit français sur le groupe Lehman Brothers demeurent limités”, a-t-il assuré. En demandant à être placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites, Lehman Brothers s’est offert un répit: le chapitre 11 l’autorise en effet à s’opposer aux demandes de ses créditeurs et même à réduire unilatéralement le montant de sa dette, de 139 milliards de dollars. Mais ce faisant, elle a reporté le fardeau de la crise sur les épaules des autres banques, ses créancières. “La vraie question, c’est: que risquent éventuellement de perdre les prêteurs dans cette faillite? C’est par là que la contagion peut se manifester”, s’est interrogé Jean Peyrelevade, l’ancien PDG du Crédit Lyonnais. A la différence des banques de dépôt, qui peuvent puiser dans les fonds de leur clientèle, la banque d’affaires Lehman se finançait en empruntant de l’argent à d’autres banques sur le marché dit “interbancaire”, ainsi qu’à des investisseurs. Interrogées par l’AFP, les banques françaises sont restées discrètes sur le montant des créances qu’elles détiennent sur Lehman. Seule la franco-belge Dexia a révélé le chiffre de 500 millions d’euros. BNP Paribas s’est contentée d’indiquer que “son exposition était gérable”, sans la chiffrer. Le document remis au tribunal par Lehman pour obtenir une protection contre ses créanciers mentionne un prêt de 250 millions de dollars de la banque française, parmi les plus importants qui lui ont été consentis. Toutes les banques ont eu à coeur de dédramatiser la situation en faisant valoir qu’elles utilisaient des mécanismes de couverture sophistiqués afin de limiter leur risque en cas de défaillance de leur contrepartie, en l’occurrence Lehman. La directrice générale de la Fédération bancaire française, Ariane Obolensky, a assuré que les banques françaises étaient “solides”. Le placement de Lehman sous la protection de la loi sur les faillites “correspond à une situation de crise qui n’a pas d’équivalent en France”, a-t-elle ajouté. “On ne sait pas encore quel est le degré d’exposition des banques prises individuellement” par rapport à Lehman Brothers, estime pour sa part l’économiste Olivier Pastré, spécialiste du secteur bancaire. Mais une chose est sûre: “ceux qui croyaient que la crise était finie en sont pour leur frais. Selon les estimations les plus sérieuses, la crise bancaire est purgée entre 60% et 75%”, a-t-il ajouté. Pour M. Pastré, cette annonce est “une mauvaise nouvelle de plus”, alors que les banques françaises ont pour la plupart déjà payé un lourd tribut à la crise. Accumulant les pertes, liées à des investissements risqués dans des obligations adossées à des crédits immobiliers américains à risque (“subprime”), certaines ont dû lever des capitaux sur le marché, abandonner leurs activités les plus risquées et tailler dans leurs effectifs pour redresser leurs finances, comme Natixis et Crédit agricole. A la Bourse de Paris, l’annonce de la débâcle de Lehman a fait plonger les valeurs bancaires: BNP Paribas a clôturé en baisse de 7,16%, Crédit Agricole 9,19%, Dexia 9,25%, Société Générale 9,64% et Natixis 14,61%.* |
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