[15/09/2008 21:55:19] PARIS (AFP)
Les marchés boursiers du monde entier ont essuyé de fortes pertes lundi, réagissant négativement à l’onde de choc provoquée par le dépôt de bilan de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers. A Wall Street lundi soir, l’indice Dow Jones a perdu pas moins de 4,42% à 10.917 points, pour revenir à son plus bas niveau depuis juillet 2006. L’indice Nasdaq, à forte composante technologique, a perdu 3,60%. “Le marché a été confronté à de très très très mauvaises nouvelles”, a résumé Peter Cardillo, d’Avalon Partners. Après des semaines de spéculations et un week-end de suspense, Lehman Brothers s’est placée sous la protection de la loi sur les faillites, faute d’avoir trouvé un repreneur. Le titre, suspendu sur le parquet de la bourse de New York, s’est écroulé dans les échanges électroniques de 94%, à 21 cents. Sa concurrente directe, elle aussi très exposée au marché immobilier, Merrill Lynch va être reprise par Bank of America pour 50 milliards de dollars en actions. Après avoir bondi en matinée, Merrill ne grignotait plus que 0,06% à 17,06 dollars à la clôture. Bank of America a plongé de 21,31%, à 26,55 dollars. Mais pour Marc Pado, de Cantor Fitzgerald, à la veille de la réunion de la banque centrale, “la clé de la séance a été AIG”. Le géant de l’assurance, en graves difficultés, a vu son titre s’effondrer de 60,79% à 4,76 dollars, faute d’avoir pu présenter les mesures de restructuration promises avant l’ouverture des marchés. AIG est l’une des trente valeurs entrant dans la composition de l’indice Dow Jones. Le coup de tabac a été aussi prononcé en Amérique du Sud, où la Bourse de Sao Paulo, première place financière de la région a clôturé en chute de 7,59%, ainsi qu’en Europe avec des baisses dépassant parfois les 5% mais qui se sont atténuées en fin de séance. Francfort la plus grosse bourse européenne a clôturé en baisse de 2,74%. A Paris, le CAC-40 a dégringolé de 3,78% à 4.168,97 points, sa quatrième plus forte chute de l’année, après avoir taquiné un moment les -5%. A Londres le Footsie-100 a lâché 3,92% à 5.204,20 points.
Les autres places européennes ont enregistré des baisses similaires, parfois plus fortes comme Madrid qui a enregistré son plus bas de l’année avec -4,5%. La chute en bourse des banques européennes a été également sensible. Ainsi à Paris BNP Paribas a perdu 7,16%, Crédit Agricole 9,19%, Dexia de 9,24% et Société Générale de 9,64%. Convaincus vendredi d’un sauvetage imminent de Lehman Brothers, les investisseurs ont été “douchés par sa faillite, qui montre que les autorités américaines ne sont pas prêtes à sortir le carnet de chèques au moindre pépin”, a expliqué à Paris Guillaume Garabédian, gérant chez Meeschaert. Non seulement les marchés ont abandonné l’espoir de voir les pouvoirs publics voler systématiquement au secours des acteurs financiers, mais l’absence de repreneur pour la banque d’affaires jette un doute sur la solvabilité de ses principaux concurrents. Sur le vieux continent, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE) étaient pourtant intervenues lundi matin pour tenter de calmer les marchés en injectant des liquidités, respectivement 30 milliards d’euros et 5 milliards de livres (6,3 mds EUR). La Réserve fédérale américaine (Fed) a de son coté mené lundi deux opérations de prise en pension au jour le jour à l’issue desquelles elle a alloué un total de 70 milliards de dollars aux banques. Mais l’accélération de la crise financière a alimenté l’idée d’un nouveau rabaissement du taux directeur de la Fed, qui se réunit mardi et a déjà drastiquement réduit le loyer de l’argent depuis un an. Les analystes tablaient jusqu’à présent sur un statu-quo. Certaines sociétés ont tout de même échappé à ce lundi noir. Les compagnies aériennes ont ainsi profité de la chute continue des prix du pétrole, installés largement sous les 100 dollars aussi bien à Londres qu’à New York. United Airlines a bondi de 8,75% et American Airlines de 8,76%. |
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