[16/09/2008 07:26:54] NEW YORK (AFP) L’assureur américain AIG, engagé depuis quelques jours dans une course contre la montre pour lever des fonds, a échoué à convaincre les agences de notation de sa solidité financière, ce qui devrait l’obliger à débourser des milliards de dollars pour honorer ses engagements. Coup sur coup, les trois principales agences –Standard & Poor’s (S&P), Moody’s et Fitch– ont rendu leur verdict lundi soir et réduit les notes de la dette du groupe. Autrement dit, elles le considèrent moins solvable. C’est le scénario que AIG, qui fut longemps le premier groupe mondial d’assurance, cherchait désespérément à éviter. Car loin d’être une simple mesure technique, cette dégradation va avoir des conséquences très lourdes pour le groupe. Menaçant peut-être même sa survie pure et simple. AIG va maintenant devoir trouver des sommes considérables pour garantir ses contrats, puisque sa seule bonne réputation ne suffit plus, alors qu’il était déjà à la recherche d’argent pour assurer sa gestion quotidienne. Les agences expliquent leur décision par l’agravation du marché immobilier, auquel l’assureur est très exposé, et par la chute de son action en Bourse. Après une dégringolade de 31% vendredi, le titre a encore plongé de 61% lundi, à seulement 4,76 dollars. En un an, il s’est effondré de 93%. Dans le cadre de ses activités de marché, peu développées chez les autres assureurs, AIG a émis un nombre très élevé de “credit default swaps” (CDS), des instruments financiers assurant les investisseurs contre les défauts de paiement d’un émetteur d’obligations. Ces produits complexes, souvent liés au marché immobilier américain, sont au coeur de la crise bancaire actuelle et ont déjà entraîné d’énormes dépréciations d’actifs à travers le monde. AIG a déjà dû passer pour 25 milliards de dollars de dépréciations, du fait de la recrudescence des défauts de paiement des propriétaires de maisons aux Etats-Unis. Dans un document au gendarme boursier américain, l’assureur indiquait ainsi qu’il serait obligé de provisionner 13,3 milliards de dollars pour garantir ces CDS, si Standard and Poor’s et Moody’s dégradaient sa note d’un cran. Mais la sanction est bien plus lourde: S&P a baissé la note de trois crans, et Moody’s de deux crans. Pire, cette dernière a averti que “de nouvelles dégradations étaient probables si le groupe ne répondait pas complètement aux inquiétudes concernant ses liquidités et son capital”. “De telles dégradations pourraient s’élever à de multiples crans”, est-il ajouté. Après le dépôt de bilan de la banque d’affaires Lehman Brothers et le rachat en catastrophe de Merrill Lynch par Bank of America, le secteur financier américain subit un nouveau coup de boutoir dévastateur. Comme pour Lehman, le Trésor américain a exclu d’investir le moindre cent d’argent public dans l’assureur. Selon la chaîne d’information financière CNBC, les autorités feraient pression sur les banques Goldman Sachs et JPMorgan Chase pour qu’elles syndiquent un prêt de 70 à 75 milliards de dollars en faveur du groupe. Banquiers et responsables du groupe se sont réunis toute la journée au siège de la banque de réserve fédérale de New York, là précisément, s’est joué pendant le week-end le sort de Lehman. Selon le quotidien Wall Street Journal, si l’assureur n’obtenait pas les sommes nécessaires d’ici mercredi, il lui faudrait à son tour déposer son bilan, deux jours après Lehman. L’enjeu est à la hauteur du symbole: AIG compte 74 millions de clients dans le monde, en majeure partie américains, qui se retrouveraient sans assurance en cas de faillite de la société. Elle emploie 116.000 personnes dans 130 pays. Jusqu’à présent, seul l’Etat de New York –où le groupe a son siège– a accepté de faire un geste, inquiet devant les conséquences sociales d’une faillite: l’assureur a été autorisé à ponctionner 20 milliards de dollars dans les caisses de ses filiales, pour assurer son fonctionnement. Pour S&P, “cela va permettre à la maison-mère de satisfaire ses besoins immédiats en liquidité”. A plus long terme, l’assureur envisagerait notamment de céder son activité de financement de leasing d’avions, International Lease Finance Corporation (ILFC), qui compte une flotte de près de 1.000 appareils. |
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