La Fed refuse d’offrir une baisse des taux aux marchés

 
 
[16/09/2008 21:42:11] WASHINGTON (AFP)

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ésident de la Fed Ben Bernanke le 16 juillet 2008 à Washington (Photo : Alex Wong)

La Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé mardi de maintenir à 2,0% son taux directeur, refusant d’accorder une baisse à des marchés financiers qui s’étaient pris à rêver d’un tel cadeau, après les soubresauts provoqués par l’effondrement de Lehman Brothers.

Jugeant qu’il y avait encore trop d’incertitudes concernant la croissance et l’inflation, le comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale a choisi le statu quo pour la troisième fois consécutive. Il a ainsi maintenu le le taux directeur à son plus bas niveau depuis novembre 2004.

La décision a été prise à l’unanimité, selon le communiqué final de la réunion, qui laisse toutefois entrevoir de futures baisses de taux.

La Réserve fédérale, qui a baissé ses taux à sept reprises depuis le début de la crise financière à l’été 2007, semble n’avoir pas tenu compte cette fois-ci du tumulte provoqué sur les marchés par le dépôt de bilan de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers et par les difficultés boursières de l’assureur au bord du dépôt de bilan.

La Fed concède tout juste que “les tensions sur les marchés financiers se sont accrues significativement” depuis sa précédente réunion, le 5 août.

Sitôt connue, la décision de la banque centrale a fait repartir à la baisse la Bourse de New York. Lundi, Wall Street avait connu sa plus forte chute depuis le 11-Septembre.

92% des opérateurs de marché pariaient dans la matinée sur une baisse des taux au vu des contrats à terme sur le taux de l’argent au jour le jour.

Mais la Fed justifie sa décision en plaçant sur un même pied d’égalité “le risque d’une baisse de la croissance” (qui impliquerait une baisse des taux) et le risque d’une hausse de l’inflation” (qui impliquerait une hausse des taux).

De manière rituelle, la banque centrale a assuré qu’elle “continuera à surveiller les développements économiques et financiers et agira comme il conviendra pour promouvoir une croissance économique durable et la stabilité des prix”.

“Sur la durée, la détente substantielle de la politique monétaire, combinée avec les mesures en cours pour soutenir la liquidité du marché, devrait contribuer à promouvoir une croissance économique modérée”, ajoute son texte.

Si elle n’a pas touché à ses taux, la Fed n’est pas pour autant restée inactive mardi.

Elle a injecté dans la matinée 50 milliards de dollars dans le circuit bancaire par le biais d’une opération exceptionnelle de refinancement, en sus des 20 milliards de dollars normalement prévus, et a annoncé qu’elle était prête à faire plus, si la situation l’exigeait. Elle avait déjà alloué 70 milliards la veille, conformément à son engagement, pris dimanche, de mettre à disposition des banques l’argent frais dont elles ont besoin.

Les économistes de Deutsche Bank, qui tablaient sur un maintien des taux de la Fed, écrivaient, avant que ne soit connue sa décision, “qu’une baisse des taux pourrait avoir l’effet inverse qu’escompté parce que la crise actuelle des marchés n’est pas liée au coût du crédit, mais à sa disponibilité”.

“En ce moment même, les institutions financières craignent de nouvelles faillites et des risques de contrepartie (risques pour un créancier de voir un débiteur ne pas honorer sa dette, NDLR). Une baisse des taux ne s’attaquerait pas directement à ce problème-là”.

L’économiste indépendant Joel Naroff partage cet avis. Si la Fed avait baissé ses taux, écrit-il, “cela aurait abaissé le coût (du crédit) pour les institutions financières, mais ne les aurait pas incitées à prêter beaucoup plus”.

 16/09/2008 21:42:11 – Â© 2008 AFP