[17/09/2008 16:55:26] LONDRES (AFP)
La banque britannique Barclays a annoncé mercredi un accord avec qualifié d’opportunité unique par son président, qui va lui permettre de devenir pour 1,75 milliard de dollars le numéro trois de la banque d’investissement aux Etats-Unis. Barclays, qui a renoncé ce week-end à racheter l’ensemble des activités viables de Lehman Brothers, va pouvoir en effet adjoindre à sa filiale d’investissement Barclays Capital (BarCap) les activités américaines de Lehman, qui s’était placée lundi sous la protection de la loi sur les faillites aux Etats-Unis, et racheter son siège new-yorkais. Elle va ainsi payer 250 millions de dollars en numéraire pour récupérer des actifs commerciaux de Lehman Brothers de 72 milliards de dollars, assortis de passifs commerciaux de 68 milliards de dollars, et elle va aussi racheter le siège de la 7ème avenue et deux centres de traitement de données dans le New Jersey pour 1,5 milliard de dollars, une somme “proche de leur valeur de marché” selon elle. Elle récupère aussi dans la transaction la moitié des 20.000 employés de Lehman Brothers dans le monde, des équipes à la qualité très réputée sur les marchés. Les activités rachetées concernent l’ensemble des marchés financiers, marchés d’actions, de matières premières, marchés monétaires, ainsi que le conseil en fusions-acquisitions. Robert (Bob) Diamond, le président de Barclays, et qui dirige BarCap, a qualifié immédiatement ce rachat “d’opportunité qu’on ne rencontre qu’une fois dans sa vie” pour Barclays. Le directeur général de Barclays John Varley a estimé pour sa part que l’acquisition proposée “accélère l’exécution de la stratégie de diversification (de Barclays) par zones géographiques et par activités, en augmentant en particulier le pourcentage des revenus de Barclays en Amérique du Nord”. Le britannique, qui manquait jusqu’à présent un peu d’épaisseur aux Etats-Unis, le plus grand marché mondial de la banque d’investissement, se retrouve propulsé à la troisième place avec ce rachat. M. Varley a observé que le rachat “respectait les stricts critères financiers de Barclays”. Pour sa part, le directeur d’exploitation de Lehman Brothers, Herbert McDade, s’est félicité que la transaction permette à la banque américaine “d’avoir l’occasion de poursuivre la croissance et le développement de ses activités d’investissement aux Etats-Unis (…) avec une des plus grandes institutions financières au monde”. Le geste de Barclays, seule banque européenne pour l’instant à s’être mêlée à la tourmente financière américaine, peut paraître osé alors qu’elle-même a dû avoir recours en juin à une augmentation de capital de 4,5 milliards de livres (5,6 milliards d’euros) et que de toutes parts, on lit que le Royaume-Uni est déjà entré en récession. Si l’intégration se passe bien, Barclays aura cependant réussi un coup qui fera en partie oublier son échec, l’an dernier, dans le rachat de la néerlandaise ABN Amro. Les deux banques s’étaient mises d’accord sur un rachat à 67 milliards d’euros, mais l’offre de Barclays a été dépassée par celle d’un consortium composé de la britannique Royal Bank of Scotland, de l’espagnole Santander et de la belge Fortis. Les années précédentes, Barclays, tout en opérant dans 50 pays, s’était contentée d’acquérir 60% de la sud-africaine Absa pour l’équivalent de 2,86 milliards d’euros en 2005, et la banque espagnole Zaragozano pour 1,14 milliard d’euros en 2003. Barclays a en tout cas déclaré mercredi avoir reçu le soutien de “certains de ses actionnaires” pour le rachat de Lehman Brothers. Ceux-ci, qu’elle n’a pas nommés, ont déclaré être prêts à augmenter “d’au moins” un milliard de dollars leur participation à son capital. |
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