[16/09/2008 20:14:20] PARIS (AFP)
Nouvelles lignes de crédit aux banques, injections de fonds sur le circuit monétaire, les banques centrales multiplient les interventions pour tenter de calmer les marchés, mais l’inflation toujours élevée dans le monde gêne leur capacité à baisser les taux d’intérêt. Alors que les places boursières mondiales ont plongé lundi en réaction à la quasi-faillite de Lehman Brothers et au rachat d’urgence de Merrill Lynch, les grandes banques centrales sont montées au front. La Fed a injecté 70 milliards de dollars sur les marchés lundi, la Banque centrale européenne (BCE) 100 milliards d’euros entre lundi et mardi, 25 milliards de livres pour la Banque d’Angleterre, 3.500 milliards de yens (23,4 milliards d’euros) pour la Banque du Japon… La Fed a en outre nettement assoupli les garanties qu’elle exige pour prêter de l’argent aux institutions financières. Les banques centrales veulent à tout prix éviter une paralysie du marché interbancaire, à travers lequel les banques se prêtent des fonds entre elles, et qui se retrouve quasiment au point mort vu le climat d’extrême suspicion qui règne dans le monde financier. Les banques ne trouvent plus d’argent à emprunter, ou alors à des taux dissuasifs, ce qui risque de freiner l’ensemble de l’activité économique. “Il y a d’énormes tensions sur les marchés de taux américains et anglais”, constate Frédéric Ducrozet, économiste de Crédit Agricole. Le taux Libor en dollars cotait ainsi 6,45% mardi vers 14H50 GMT, contre 3,10% la veille. Même si les Bourses planétaires continuaient leur plongeon mardi, les opérateurs de marché soutenaient l’action des banques centrales. “Elles font le maximum pour subvenir aux besoins de liquidités”, estime Véronique Riches-Flores, économiste de la Société Générale. “Au jour le jour, elles ont quand même prouvé qu’elles étaient capables de gérer ces situations de crise”, renchérit M. Ducrozet. Il s’étonne toutefois des “annonces désordonnées” des banques centrales, ce qui “n’est pas très bon signe”, alors qu’au cours de leurs interventions passées elles avaient communiqué ensemble pour donner un message cohérent aux marchés. Certains opérateurs critiquent aussi la décision de la Fed d’orchestrer le sauvetage de la banque Bear Stearns en mars, puis de laisser Lehman Brothers déposer le bilan aujourd’hui. Mais M. Ducrozet souligne qu’en mars la Fed “n’avait pas encore mis en place toutes ses facilités de trésorerie actuelle pour les banques”, et qu’elle estime le marché aujourd’hui capable d’absorber la perte de Lehman. Les opérateurs spéculent à présent sur une possible baisse d’urgence des taux directeurs de la Fed, qui se réunissait mardi. La semaine dernière encore, ils tablaient sur un statu quo à 2%. Mme Riches-Flores remarque cependant qu’une baisse “n’aiderait pas forcément les banques à trouver la liquidité dont elles ont besoin, et créerait un sentiment de panique”. D’autant que la Fed a déjà baissé de plus de 3 points de pourcentage ses taux depuis un an. L’inflation élevée gêne également la banque centrale américaine pour baisser ses taux: les prix à la consommation américains ont bondi de 5,4% sur un an en août. Une flambée qui touche aussi la zone euro, ce qui fait dire à M. Ducrozet qu’une baisse de taux coordonnée des banques centrales “n’est pas envisageable”, du moins “pas dans l’urgence, surtout du côté de la BCE”. Si la plupart des autorités ont d’ailleurs salué l’action de la BCE, qui n’a pas encore baissé ses taux depuis le début de la crise il y a un an, le directeur du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a remarqué que “les marges de manoeuvres pourraient se dégager” en 2009, notamment si les prix du pétrole continuent leur repli. |
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