Après AIG, les brèches continuent de s’élargir dans le système financier

 
 
[17/09/2008 18:25:55] WASHINGTON (AFP)

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à New York (Photo : Stan Honda)

Après cinq jours d’efforts frénétiques des autorités bancaires, les brèches du système financier international continuaient à s’élargir mercredi, avec l’apparition de nouveaux noms sur la liste des établissements condamnés d’avance par les marchés.

Quelques heures après que les autorités américaines eurent pris la décision historique de nationaliser l’assureur AIG et que la banque britannique Barclays eut annoncé l’achat pour une bouchée de pain des meilleurs actifs de Lehman Brothers, la britannique HBOS a dû accepter son rachat en urgence.

L’avalanche de nouvelles mettait les marchés boursiers sur les nerfs, en dépit du déversement de liquidités par les banques centrales.

“Les turbulences provoquées par la crise financière aux Etats-Unis ne sont pas près de s’arrêter”, a souligné le Premier ministre sud-coréen Han Seung-soo, en appelant au calme les investisseurs locaux.

Wall Street perdait près de 3% en fin de matinée, alors que les échanges devaient être suspendus sur les bourses de Moscou, où la crise internationale est venue exacerber les inquiétudes nées du conflit en Géorgie.

Après avoir résisté la plus grande partie de la journée, la bourse de Paris craquait et tombait sous les 4.000 points, pour la première fois depuis mai 2005. La Bourse de Londres cédait 2,25% en clôture.

Longtemps incarnation du sérieux et de la solidité, la banque HBOS a dû se résigner à être avalée par sa rivale Lloyds TSB après avoir vu s’envoler en fumée les deux-tiers de sa capitalisation boursière depuis le début de l’année.

Autre coup de tonnerre: Barclays a annoncé le rachat de la majeure partie des activités américaines de Lehman Brothers, la banque d’affaires qui a déposé son bilan lundi devant l’intransigeance des pouvoirs publics.

Un coup stratégique incroyable: pour un prix (250 millions de dollars) qui aurait été jugé ridicule il y a à peine quelques mois, Barclays va faire de sa filiale BarCap la troisième banque d’affaires de Wall Street.

De l’autre côté de l’Atlantique, justement, Wall Street venait de vivre un autre épisode historique.

La banque centrale américaine, la Fed, qui était restée inflexible dimanche devant les difficultés de Lehman Brothers, a opéré mardi un virage à 180 degrés en apportant une aide sans précédent de 85 milliards de dollars à l’assureur AIG pour éviter une crise financière planétaire.

La Réserve fédérale s’est résolue à prêter elle-même les sommes nécessaires à AIG, alors que l’ex-numéro un mondial de l’assurance ne disposait plus que de quelques heures avant de devoir déposer son bilan, ce qui aurait pu provoquer selon des analystes une réaction en chaîne aux conséquences incalculables.

Pour Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, “ce sauvetage est à la fois une mauvaise nouvelle, parce que ça veut dire que la crise se développe, mais c’est en même temps une bonne nouvelle, parce que cela signifie que le gouvernement s’assoit sur ses convictions pour éviter la crise systémique”.

Selon le quotidien New York Post, les autorités américaines se seraient maintenant mises à la recherche d’un repreneur pour Washington Mutual, la grande banque de Seattle, qui croûle sous l’importance de ses encours immobiliers. Le titre, matraqué depuis des semaines, cédait encore près de 9%, peu avant 16H00 GMT.

Après l’élimination de trois des cinq banques d’affaires de Wall Street – Bear Stearns, Lehman Brothers et Merrill Lynch, mariée dimanche à la hussarde à Bank of America – la spéculation se tournait vers le numéro deux du secteur: Morgan Stanley. L’action perdait 33%, alors même que la banque a publié la veille, par anticipation, un excellent bénéfice trimestriel de 1,42 milliard de dollars, à peine écorné par rapport à celui d’il y a un an.

 17/09/2008 18:25:55 – Â© 2008 AFP