[17/09/2008 21:44:49] WASHINGTON (AFP)
La banque centrale américaine, inflexible dimanche devant les difficultés de Lehman Brothers, a opéré mardi un virage à 180 degrés, en apportant une aide inédite de 85 milliards de dollars à l’assureur AIG pour éviter une planétaire. La Réserve fédérale (Fed) s’est résolue à prêter elle-même les sommes nécessaires à AIG alors que l’ex-numéro un mondial de l’assurance ne disposait plus que de quelques heures avant de devoir déposer son bilan. Cette solution drastique semblait calmer quelque peu mercredi l’anxiété des marchés financiers et plusieurs Bourses asiatiques s’affichaient en hausse, comme Tokyo et Séoul mais Hong Kong baissait. En échange de son soutien, l’Etat américain recevra 79,9% du capital d’AIG. Les actionnaires actuels se retrouveront réduits à la portion congrue à l’issue de cette quasi-nationalisation. L’ensemble des actifs d’, qui se montaient à 1.050 milliards de dollars à la fin juin, seront apportés comme garantie à la banque centrale. Avec cet argent, l’assureur pourra faire face à ses obligations qui avaient gonflé depuis que les grandes agences de notation avait dégradé sa note lundi. Selon l’économiste Robert Brusca de FAO Economics, le prêt semble avoir été modelé sur celui consenti pour sauver le constructeur automobile Chrysler dans les années 80. Son taux d’intérêt “extrêmement élevé” va pousser le groupe à céder rapidement des filiales pour rembourser la Fed au plus vite.
Dans un premier temps, la banque centrale avait demandé aux banques Goldman Sachs et JPMorgan de syndiquer les vastes sommes nécessaires à l’ex-numéro un mondial de l’assurance pour faire face à ses obligations urgentes. Mais la Fed avait été contrainte de s’engager davantage après un nouveau plongeon du titre AIG en bourse, qui a effrayé les banques contactées. Son soutien à AIG est inouï à plus d’un titre, ne serait-ce parce que la Fed n’a normalement pas à fournir des liquidités aux assureurs, qui ne sont pas de son ressort. “Les temps sont difficiles pour nos marchés financiers”, s’est défendu le secrétaire au Trésor Henry Paulson dans un court communiqué. La Maison Blanche s’est également rangée derrière ce plan et a affirmé dans un communiqué que “ces mesures ont été prises dans l’intérêt de la promotion de la stabilité sur les marchés financiers et pour limiter les dégâts occasionnés au reste de l’économie”. Un peu plus tôt dans la journée, les premières informations affirmant que les pouvoirs publics américains n’excluaient plus de consentir une aide à AIG avaient fortement contribué à soutenir la bourse de New York. Un éventuelle faillite d’AIG aurait eu des implications pour le système financier mondial encore plus graves que celle de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, qui a déposé son bilan lundi. La prestigieuse banque avait été réduite à cette extrémité en raison de l’attitude inflexible du Trésor, qui avait refusé de mettre les finances publiques à contribution pour faciliter son rachat par le britannique Barclays. Mais la Fed et le Trésor ont jugé qu’une faillite d’AIG était susceptible de provoquer des défaillances en cascades dans la finance mondiale. “Je ne connais aucune grande banque qui ne soit pas exposée de façon significative à AIG”, soulignait lundi le PDG de Bank of America Ken Lewis. Le gouverneur de New York David Paterson, dont les services ont autorisé lundi l’assureur à emprunter 20 milliards de dollars à ses filiales, avait relevé pour sa part les “énormes” conséquences sociales d’une faillite. Basé à New York, AIG compte 74 millions de clients dans le monde, en majeure partie américain. La société emploie 116.000 personnes dans 130 pays. |
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