[17/09/2008 18:31:57] LONDRES (AFP)
Après le sauvetage historique de l’assureur AIG par la Fed et le rachat par Barclays d’une partie des actifs de Lehman Brothers, les regards se tournaient mercredi vers une nouvelle victime de la crise financière, la banque britannique HBOS, qui devrait être rachetée en urgence par sa rivale Lloyds TSB. Alors que depuis ce week-end, la planète financière va de bouleversement en bouleversement, l’oeil du cyclone, jusqu’ici concentré sur Wall Street, se déplaçait désormais vers les autres établissements perçus comme les prochains “maillons faibles”, au premier rang desquels le groupe bancaire Halifax-Bank of Scotland (HBOS). Jusqu’à l’an dernier, ce groupe écossais issu de la fusion en 2001 de la Bank of Scotland, plus ancienne banque de détail britannique, et de Halifax, numéro un des crédits immobiliers en Grande-Bretagne, était l’incarnation du sérieux et de la solidité, et l’une des toutes premières banques du Royaume-Uni. Mais la crise du crédit a tout balayé. Depuis son éclatement l’an dernier, HBOS s’est retrouvée plongée dans une effroyable tourmente boursière, alimentée par ses besoins importants en liquidités et sa forte exposition à un marché immobilier britannique en plein marasme. La précédente attaque remonte à mars, lorsque le cours de Bourse de HBOS a chuté de 17% suite à des rumeurs la donnant au bord de la faillite. Des spéculations qui faisaient suite au rachat en catastrophe de Bear Stearns par JPMorgan. Avec le dépôt de bilan de Lehman Brothers lundi matin, les spéculations ont repris de plus belle, en dépit des dénégations de la banque et du régulateur du secteur financier britannique, qui ont assuré qu’elle n’avait aucun problème de financement.
Mercredi, le cours de HBOS a ainsi plongé encore de 52% en début de séance, faisant perdre au groupe les deux-tiers de sa valeur depuis le début de la semaine. Mais des espoirs de sauvetage du groupe par un chevalier blanc ont permis à la banque d’enrayer sa chute libre en milieu de matinée. La BBC a en effet affirmé que Lloyds TSB, une banque britannique rivale, était en discussions en vue de la racheter, ce qu’a confirmé HBOS quelques heures plus tard. L’opération aurait la bénédiction du gouvernement britannique, qui serait prêt à fermer les yeux sur les problèmes de concurrence qu’elle ne manquerait pas de susciter. La principale inconnue restait le prix de l’acquisition mais selon toute vraisemblance, il ne devrait pas être très élevé au vu de l’évolution du cours de HBOS qui cédait encore 9,34% à 165 pence vers 13H15 GMT, tandis que Lloyds TSB gagnait 4,20% à 291,50 pence. Autre chamboulement qui secouait le secteur bancaire britannique et mondial, Barclays a annoncé dans la nuit l’acquisition de la majeure partie des activités de Lehman Brothers aux Etats-Unis. Un coup stratégique incroyable: pour un prix (250 millions de dollars) qui aurait été jugé ridicule il y a à peine quelques mois, Barclays va faire de sa filiale BarCap la troisième banque d’affaires de Wall Street, payant de surcroît 1,5 milliard de dollars pour son siège new yorkais et ses centres de traitement de données dans le New Jersey. De l’autre côté de l’Atlantique, justement, Wall Street venait de vivre un autre épisode historique. La banque centrale américaine, la Fed, qui était restée inflexible dimanche devant les difficultés de Lehman Brothers, a opéré mardi un virage à 180 degrés, en apportant une de 85 milliards de dollars à l’assureur AIG pour éviter une crise financière planétaire. La Réserve fédérale s’est résolue à prêter elle-même les sommes nécessaires à AIG, alors que l’ex-numéro un mondial de l’assurance ne disposait plus que de quelques heures avant de devoir déposer son bilan, ce qui aurait pu provoquer selon des analystes une réaction en chaîne aux conséquences incalculables. |
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