[18/09/2008 15:56:28] LONDRES, (AFP)
La banque britannique HBOS, principal prêteur immobilier au Royaume-Uni, a été sauvée jeudi après des mois de dégringolade en Bourse par sa concurrente Lloyds TSB, un rachat à quelque 15 milliards d’euros activement soutenu par le gouvernement et qui crée le nouveau N.3 britannique. Il s’agit d’un nouvel avatar de la crise financière qui a vu disparaître récemment plusieurs grandes banques, notamment aux Etats-Unis et en Allemagne. Alors que la chute constante du titre HBOS en Bourse depuis un an s’était encore accélérée ces derniers jours, la rivale Lloyds TSB, relativement épargnée par la crise, a proposé un rachat tout en actions à 12,2 milliards de livres (15,4 milliards d’euros), soit quelque 50% de plus que le prix de sa proie en clôture de Bourse mercredi soir, offre aussitôt recommandée. Les “autorités tripartites” du pays se sont penchées sur le berceau.
La Banque d’Angleterre a ainsi considéré que le rachat “faisait partie des ajustements nécessaires sur les marchés financiers dans l’intérêt de la stabilité financière”. L’autorité des marchés financiers (FSA) a qualifié le rachat de “mouvement bienvenu qui va sans doute accroître la stabilité sur les marchés financiers et améliorer la confiance des clients et des investisseurs”. Enfin le gouvernement s’est montré très présent dans cette affaire, encourageant le rapprochement au point de décider de modifier la loi sur les entreprises qui n’accorde jusqu’à présent des critères de concurrence assouplis qu’aux entreprises de médias ou liées à la sécurité nationale. Le Premier ministre Gordon Brown ne voulait visiblement pas d’un désastre similaire à celui de la banque Northern Rock en septembre dernier, finalement nationalisée en février faute d’un repreneur satisfaisant, et qui pèse désormais sur les finances publiques. Le ministre des Finances Alistair Darling a estimé jeudi que, face à la crise financière internationale, l’essentiel était que “les banques centrales, les gouvernements, les régulateurs, agissent de manière déterminée et rapide lorsque ces problèmes apparaissent”, pour “maintenir la stabilité du système bancaire”. M. Brown est allé plus loin en dénonçant “les comportements irresponsables” à l’origine selon lui de la crise financière internationale, plaidant pour une action mondiale afin de “nettoyer” le secteur. Il se faisait l’écho des commentaires de la presse populaire jeudi, ulcérée de voir disparaître deux marques bien connues au Royaume-Uni, Halifax et Bank of Scotland, réunies depuis 2001 sous le sigle HBOS après leur fusion. “Les magouilleurs obligent les banques à fusionner”, titrait Metro, tandis que le Daily Mirror qualifiait à sa une de “cochon avide”, photo à l’appui, un patron de fonds spéculatif accusé d’avoir poussé HBOS à sa perte. Les origines de Bank of Scotland remontent à 1695 et celle d’Halifax à 1852. Le groupe emploie 75.000 personnes dans 1.100 succursales au Royaume-Uni, contre 70.000 personnes et 1.900 succursales pour Lloyds TSB. Les dirigeants des deux banques ont convenu jeudi qu’ils discutaient depuis plusieurs semaines d’un rapprochement, “opportunité unique” pour le président de Lloyds TSB Victor Blank qui a dit en rêver “depuis des années”. Les actionnaires de HBOS auront 44% du nouveau groupe et ceux de Lloyds TSB 56%. Le sort des employés de HBOS n’est pas clair, mais le directeur général de Lloyds TSB Eric Daniels a estimé que le chiffre de 40.000 suppressions d’emploi avancé par la presse était “trop élevé”. Le nouveau groupe restera dirigé par M. Daniels et présidé par M. Blank. Le marché, soulagé, a fortement apprécié l’idée du rachat, HBOS gagnant jusqu’à 56% à la Bourse de Londres. |
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