[18/09/2008 14:54:24] GENEVE (AFP)
La demande d’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) revient sur le tapis jeudi lors d’une réunion qui sera un test sur les intentions de Moscou et des pays membres, dont les relations se sont notoirement dégradées depuis le conflit en Géorgie. Officiellement, le processus engagé en 1993 suit son cours et la réunion de jeudi était prévue de longue date. L’Union européenne a répété mercredi qu’elle soutenait une adhésion qui est “dans (son) intérêt économique et celui bien sûr de la Russie”. Le responsable du dossier auprès de la mission russe à Genève, Youri Affanassiev, a assuré de son côté à l’AFP qu’un accord aurait bien “lieu d’ici la fin de l’année”, terme envisagé avant la crise russo-géorgienne. Mais, depuis la dernière réunion sur l’adhésion russe en juin, l’opération militaire de la Russie en Géorgie ainsi que la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de deux territoires séparatistes du petit Etat caucasien ont changé la donne. Le climat politique entre la Russie et ses partenaires occidentaux a désormais des relents de “guerre froide”. Au plus fort du conflit en Géorgie, la question de l’OMC est ressortie pour certains comme une arme dans le jeu politique. Fin août, les Etats-Unis ont ainsi évoqué, parmi d’autres représailles éventuelles, la possibilité de remettre en cause l’entrée de la Russie dans le “temple” du commerce international. La réponse n’a pas tardé: Moscou a immédiatement suspendu certains des engagements pris dans le cadre de sa procédure d’adhésion. “Nous nous plions à tout, sans être membre de cette organisation, nous ne bénéficions d’aucune préférence en retour. Une telle situation va à l’encontre de nos intérêts”, a fait valoir le Premier ministre Vladimir Poutine. Le geste n’a pas manqué d’attiser l’ire des pays membres.
Depuis, la Russie, qui est la dernière puissance économique à ne pas être intégrée au système commercial multilatéral, souffle le chaud et le froid. D’un côté, elle répète sa ferme intention de devenir membre. De l’autre, elle ne cesse de remettre en cause l’organisation, qu’elle dit ne pas vouloir rejoindre à n’importe quel prix. Les pays membres doivent cesser de tenter d'”effrayer” la Russie, a répété lundi le président russe, Dmitri Medvedev. “L’OMC n’est pas une carotte, c’est une série de responsabilités plutôt complexes qui nous sont imposées. Qu’ils (les pays membres) le fassent de façon humaine, sans nous effrayer pour que nous prenions des responsabilités supplémentaires”, a-t-il ajouté. Insistant: “Nous sommes prêts et jugeons qu’il est juste d’adhérer à l’OMC. Mais bien sûr dans des conditions acceptables pour nous”. Ces multiples déclarations ont alimenté la méfiance des membres de l’OMC, relève l’analyste de l’European Council on Foreign Relations Andrew Wilson. Le scepticisme domine désormais, beaucoup considérant dans le fond que “le pays n’est pas prêt”, que ce soit au niveau des lois ou de la culture d’entreprises, empreinte de réflexes protectionnistes. De ce point de vue, “il y a encore beaucoup de chemin à faire” avant que la Russie ne puisse devenir un membre à part entière, estime M. Wilson. Au-delà même de ces considérations, les événements d’août pourraient bien avoir repoussé aux calendes grecques cette adhésion tumultueuse. La Géorgie, membre de l’OMC depuis 2000, a maintes fois répété son intention de s’opposer à l’arrivée de la Russie dans l’organisation. Le veto d’un seul des 153 membres est suffisant pour clore les discussions. |
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