[19/09/2008 12:18:24] ROME (AFP)
Alitalia s’enfonçait inexorablement vers la faillite après le retrait de l’unique offre de rachat de la compagnie nationale de transport qui risque d’entraîner de sérieuses perturbations dans le ciel italien. Alitalia qui se retrouvait vendredi au bord du gouffre paie le prix d’une vingtaine d’années de gestion chaotique sous l’influence des gouvernements, de droite comme de gauche, qui ne lui ont jamais permis d’adopter une stratégie à long terme, estiment des économistes. L’unique offre de rachat de la compagnie de transport par des investisseurs italiens a été retirée jeudi face à l’opposition des syndicats.
“Alitalia n’a jamais pu être une vraie entreprise. Les politiques ne pouvaient pas se permettre la faillite de ce symbole du pays. Cela a été son principal problème”, estime Marco Ponti, économiste à l’Ecole Polytechnique de Milan, spécialisé dans les transports. “Conséquence, chaque changement de gouvernement lui a valu un changement de direction et une stratégie jamais clairement définie”, ajoute-t-il. Preuve de la mainmise politique, Alitalia, encore détenue à 49,9% par l’Etat, a englouti 5 milliards d’euros d’argent frais en 15 ans sous forme de recapitalisation. Sans résultat puisqu’elle perd actuellement 3 millions d’euros par jour et que toute injection d’argent public lui est désormais interdite par Bruxelles.
“Les aides de l’Etat n’ont pas aidé Alitalia à surmonter une crise qui n’est pas que financière”, souligne de son côté Carlo Scarpa, professeur d’économie industrielle à l’université de Brescia et consultant. “La compagnie paie l’incapacité des politiques à faire des choix industriels”, ajoute-t-il. Symbole de cette paralysie, l’aéroport Malpensa de Milan, qui devait servir à partir de 1998 de “hub” (plate-forme de transit) d’Alitalia dans le nord de l’Italie n’a jamais réussi à trouver sa place. Moins bien relié au centre de Milan que l’aéroport Linate et précédé d’une mauvaise réputation, Malpensa n’a pas réussi à capter la clientèle d’affaires, la plus rentable, qui s’est rabattue sur d’autres compagnies desservant Linate. Parallèlement, la plupart des salariés de la compagnie ont refusé de déménager dans la capitale économique de l’Italie, contraignant Alitalia à les transporter par avion de Rome à Milan pour prendre leur poste de travail. Quelques 250 pilotes et membres d’équipages sont ainsi transférés chaque jour entre les deux villes pour un coût de 45 millions d’euros par an, selon un calcul récent du quotidien La Repubblica. “Les carences d’Alitalia en matière de hubs ne sont pas ses seuls problèmes mais ils ont été l’une des principales raisons de ses pertes”, estime JP Morgan dans une étude. |
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