La crise financière complique l’élaboration du budget 2009

 
 
[19/09/2008 20:36:26] PARIS (AFP)

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ère de l’Economie et des Finances, à Paris (Photo : Jack Guez)

L’accélération de la crise financière et la difficulté d’évaluer son impact sur l’économie compliquent l’élaboration d’un budget 2009 déjà “très tendu”, alors que la fiscalité verte, toujours en suspens, ajoute encore aux incertitudes.

“Normalement, à cette période, les choses sont calées. Là il y a un peu de retard, c’est un budget très, très tendu”, confie-t-on au ministère du Budget à une semaine seulement de la présentation du projet de loi de finances (PLF) finalement fixée à vendredi prochain, après plusieurs changements. Le président Nicolas Sarkozy attendra, lui, jeudi pour préciser les orientations économiques de la France en cette période de crise.

Principale cause de ce retard: la brutale dégradation des perspectives économiques en raison de l’impact de la crise financière internationale, dont les effets sur la France restent encore très difficiles à estimer précisément.

Autant de nouvelles inconnues à intégrer en urgence dans l’équation budgétaire qui, en prime, devra pour la première fois de son histoire s’inscrire dans un cadre triennal (2009-2011).

La clef pour réussir un budget est de le fonder sur une prévision de croissance la plus exacte possible car s’il est toujours possible d’ajuster au plus près les dépenses (enveloppes ministérielles, effectifs dans la fonction publique, retraites, intérêt de la dette, etc..), les recettes fiscales sont, elles, intimement liées au niveau de l’activité économique.

Pour 2008, le gouvernement avait initialement construit son budget sur une hypothèse de croissance de 2,25%. Et il ne table désormais plus que sur une progression du PIB de l’ordre de 1%… Selon le ministre du Budget, Eric Woerth, cela se traduira par un manque à gagner de 5 milliards d’euros pour l’Etat, principalement sur l’impôt sur les sociétés et sur le revenu. Des parlementaires avancent le chiffre de 7 milliards.

Pour l’année prochaine, le gouvernement comme les experts sont dans le flou, et risquent de le rester jusqu’à ce que la tourmente financière s’apaise, mais tous avertissent déjà que 2009 ne pourra pas être une bonne année pour la croissance, en Europe ou en France.

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à Reims (Photo : Francois Nascimbeni)

Quant à 2010 et 2011, on ne peut qu’espérer que le choc sera encaissé et que la croissance aura rebondi d’ici là.

Pour les experts de Bercy, le PLF prend donc plus que jamais des allures de casse-tête: “on peut imaginer que la crise financière ait un impact sur les recettes fiscales, après, sur les chiffres, on fait de la science fiction”.

Dans ce contexte très tendu, l’élaboration du budget est en outre marquée par des revirements répétés au sein du gouvernement sur la fiscalité écologique promue par le ministre du Développement durable, Jean-Louis Borloo.

“On travaille quasiment en temps réel sur ces questions”, explique-t-on au ministère du Budget.

Ces dernières semaines, le débat a fait rage au sein du gouvernement, M. Woerth redoutant notamment que ces “taxes vertes” n’aboutissent à de mauvaises surprises budgétaires. Comme le bonus-malus automobile qui devait être initialement “neutre” pour les finances publiques mais qui pourrait coûter cette année entre 150 et 200 millions d’euros.

Une multiplication de ces dispositifs et de leur coût éventuel pour l’Etat pourrait en effet être fatale au déficit public de la France, qui risque par ailleurs déjà de flirter avec la limite des 3 points de PIB autorisée par Bruxelles.

Toutes ces mesures du Grenelle de l’environnement devaient être “mises à plat” vendredi en fin d’après-midi lors d’une réunion à l’Elysée avec MM. Woerth et Borloo.

 19/09/2008 20:36:26 – Â© 2008 AFP