Aviation : grands bouleversements en cours dans le ciel européen

 
 
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écolle de l’aéroport de Milan le 19 septembre 2008 (Photo : Damien Meyer)

[20/09/2008 06:53:21] PARIS (AFP) Mariage, privatisation, disparition: la recomposition du ciel européen s’est accélérée cette semaine, la récente flambée de l’or noir et le ralentissement économique mondial sonnant l’hallali des plus faibles, telle Alitalia acculée à la faillite.

L’allemande Lufthansa a ouvert le bal lundi en jetant son dévolu sur 45% du capital de la belge Brussels Airlines, héritière de Sabena, pour 65 millions d’euros, se réservant une option d’achat sur les 55% restants à partir de 2011.

Mercredi, la Grèce présentait un plan de privatisation de son transporteur national, Olympic Airlines, le dernier de l’Union européenne à être 100% public. Des appels d’offres internationaux doivent être lancés pour vendre d’ici la fin de l’année ses actifs répartis en diverses sociétés.

Enfin, après le retrait jeudi de l’unique offre de rachat par des investisseurs italiens, Alitalia serait en passe de mettre la clé sous la porte. Selon La Repubblica, Lufthansa pourrait cependant être le “chevalier blanc”. Cette dernière n’a pas voulu faire de commentaire, tout comme le franco-néerlandais Air France-KLM, qui détient déjà 2% de l’italienne et avait récemment déclaré être disponible pour devenir actionnaire minoritaire parmi les nouveaux investisseurs.

Les professionnels s’attendaient depuis des années à voir rebattues les cartes de ce secteur resté encore très fragmenté comparé à d’autres industries. Les compagnies aériennes nationales faisant figure de porte-drapeaux –nombre d’entre elles portent d’ailleurs des noms directement tirés de leur pays d’origine–, les gouvernements étaient réticents à les laisser disparaître ou passer sous la coupe d’étrangers.

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à l’aéroport de Berlin (Photo : Volker Hartmann)

Mais la flambée de l’or noir au premier semestre, conjuguée à une croissance économique mondiale en berne, a eu raison des plus fragiles. “La facture +kérosène+ des compagnies aériennes a suivi la montée des cours du pétrole de 37 dollars le baril en 2004 à 110 dollars en 2008: au sein des charges d’exploitation, elle est passée de 17 à 28% entre 2004 et 2008”, notait l’assureur-crédit français Euler-Hermes, dans un rapport publié jeudi sur les compagnies françaises.

Pour nombre de transporteurs, le poste carburant s’est peu à peu hissé au premier rang des dépenses ou à égalité avec celui des salaires. Et en répercutant la cherté du pétrole sur les billets à coup de surcharge carburant, les compagnies ont pris le risque de détourner certains clients de l’avion, au moment même où le trafic ralentissait en raison de l’atonie de l’économie.

Les trois grandes européennes, Lufthansa, Air France-KLM et British Airways, souhaitent tirer parti de ce grand bouleversement céleste.

La compagnie allemande s’attaque à presque tous les fronts. Outre la Belgique et l’Italie, elle semble bien placée pour emporter les 43% de Austrian Airlines mis en vente par l’Etat autrichien. Elle serait également, selon la presse allemande, en discussion pour acheter Scandinavian Airlines (SAS), majoritairement détenue par les Etats de la région. En raison d’un pacte d’actionnaires signé en 2000, elle pourrait prendre le contrôle de la britannique BMI (ex-British Midland), dont elle possède déjà 30%.

Un peu moins active, Air France-KLM plane autour de deux proies, Alitalia, membre comme elle de l’alliance SkyTeam, et Austrian dont le réseau spécialisé sur les destinations secondaires d’Europe centrale et du Proche-Orient complèterait parfaitement celui du groupe franco-néerlandais.

British Airways travaille quant à elle sur une fusion avec l’espagnole Iberia qui pourrait se traduire par un échange de titres.

 20/09/2008 06:53:21 – Â© 2008 AFP