General Motors, “le pouls de l’Amérique”, pour le meilleur et pour le pire

 
 
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à Strasbourg, le 1er septembre 2008 (Photo : Frederick Florin)

[20/09/2008 07:22:04] LOS ANGELES (AFP) “Le pouls de l’Amérique”, vantait jadis une publicité pour Chevrolet, marque vedette de General Motors. Pour le meilleur et pour le pire, peut-on risquer alors que le géant fête ses 100 ans et que sa santé semble aussi chancelante que celle de l’économie du pays.

“General Motors est liée de près à la vieille économie, l’économie de fabrication sur laquelle les Etats-Unis ont prospéré une bonne partie du siècle dernier”, observe Karl Brauer, rédacteur en chef du site automobile Edmunds.com.

Mais la désindustrialisation est passée par là. Tout un symbole, GM fut fondée en 1908 à Flint (Michigan, nord), la ville d’origine du cinéaste Michael Moore qui y a réalisé des documentaires déprimants sur les fermetures d’usines.

GM vient de céder à Toyota la place de premier constructeur mondial, enchaîne les pertes et il est même question de voir le gouvernement mettre la main à la poche pour le sauver.

Pourtant, note le conservateur du musée automobile Petersen de Los Angeles Leslie Kendall, GM est historiquement une entreprise innovante: on lui doit les démarreurs électriques, les suspensions avant indépendantes, les moteurs V12 et V16, les carrosseries enveloppantes, les ailerons, etc…

La Cadillac Eldorado 1959, sortie d’un film de science-fiction, reste un symbole de la prospérité américaine de l’après-guerre, tout comme la Chevrolet Corvette, icône automobile mondiale depuis 55 ans.

Mais la dernière tendance de fond que General Motors ait initiée date des années 60: les “muscle cars” comme la Pontiac GTO et la Chevrolet Camaro aux moteurs surpuissants.

La décennie suivante a marqué le début du déclin, quand les chocs pétroliers ont laissé le champ libre aux frugales voitures japonaises.

“L’entreprise semble avoir été vidée de son enthousiasme créatif pendant ces années”, note M. Kendall. “De leader, GM est devenu suiviste. Il n’y a rien de mal à suivre les tendances, si on le fait correctement, en temps et en heure et de façon profitable, mais ils ont eu du mal”, affirme-t-il.

Chrysler, avec le monospace Voyager en 1983, et Ford avec l’Explorer, premier des 4×4 familiaux de loisirs en 1990, ont signé les plus “gros coups” de leur époque, alors que GM s’égarait dans des opérations aberrantes, comme la Cadillac Cimarron (1981), une Chevrolet “en robe du soir, et pas très seyante”, selon M. Kendall.

Et quand l’entreprise avait de bonnes idées, tel le révolutionnaire véhicule électrique EV-1 en 1996, la technologie n’était pas encore au point, explique M. Brauer, qui attribue la situation actuelle de GM à une stratégie orientée exclusivement vers les voitures gourmandes en essence des années 90.

“Lorsque les 4×4 et les gros pick-ups se vendent bien, c’est parfait (…) mais dans le même temps, il faut prévoir d’autres véhicules, qu’ils soient prêts si le vent tourne, et c’est là-dessus que Toyota a pris l’avantage”, dit-il.

Non que GM soit resté inactif face à l’envolée des prix du pétrole: il diffuse des Opel, sa marque européenne, sous le logo de Saturn dans l’espoir de conquérir le marché des “petites”, a annoncé une berline économique, la Chevrolet Cruze, pour l’année-modèle 2009, et vient de présenter la Chevrolet Volt électrique. Mais n’est-il pas trop tard?

“Je trouve ça assez ironique que la semaine où GM a célébré ses 100 ans, l’autre gros titre ait été: +le gouvernement va-t-il renflouer les constructeurs américains?+”, dit M. Brauer.

M. Kendall commente, philosophe: “personne ne peut rester au sommet indéfiniment. Tout est cyclique. Le temps viendra peut-être, rapidement espérons-le, où GM et les constructeurs américains domineront à nouveau le marché mondial. Mais qui sait quand cela se produira?”

 20/09/2008 07:22:04 – Â© 2008 AFP