[20/09/2008 09:54:53] PARIS (AFP) Le marché automobile, déjà affecté depuis l’été par le ralentissement économique et la hausse des carburants, pourrait maintenant subir le contrecoup de la crise financière qui risque de compliquer l’obtention des crédits nécessaires à l’achat d’une voiture. “L’environnement économique se dégrade. L’activité de crédit devient plus risquée, nous sommes plus regardants sur les critères d’acceptation, tout comme l’ensemble du système bancaire”, reconnaît Jean-Marc Saugier, trésorier groupe de RCI Banque, filiale bancaire de Renault. “La raréfaction de l’offre de crédit et la hausse des taux sont des réalités”, constate-t-il. Les deux tiers des véhicules sont achetés en ayant recours à un crédit, octroyé par des constructeurs ou des banques, rappelle-t-il. “Aujourd’hui, on est vigilant”, indique pour sa part Christophe Michaëli, directeur du marché automobile de Cetelem France. Mais “il n’y a aucune restriction particulière en matière d’octroi de crédit”, assure-t-il, en notant que les taux d’intérêt aux clients ont augmenté avec la hausse générale. “Le crédit va devenir un petit plus difficile” à obtenir et “cela pourra avoir un impact sur les achats de voitures, et donc sur le montant des ventes des constructeurs européens”, estime Emmanuel Bulle, analyste de l’agence de notation Fitch. Guillaume Mouren, analyste de Xerfi, pointe aussi “un risque de resserrement du crédit”. Mais pour l’heure, il estime que la baisse des ventes de voitures déjà observée “est plutôt due à la chute des marchés immobiliers et à la hausse des prix à la pompe”. Pour Emmanuel Bulle, “deux éléments entrent en compte” dans le relentissement des ventes automobiles, “dont l’un est l’octroi de crédit”, mais il y a aussi “une perception plus négative du consommateur qui dit +j’attends+”. Il rappelle qu’en Espagne par exemple, où le marché automobile a plongé en liaison avec la crise de l’immobilier, une des raisons avancées par les constructeurs est que les consommateurs privilégient leurs loisirs et repoussent leur achats de voitures. “On peut s’attendre à la même chose dans les autres pays européens”, ajoute Emmanuel Bulle. Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes, souligne que l’impact d’un resserrement du crédit sur l’automobile “va dépendre des modes de financement et des pays”, et notamment du taux d’endettement des ménages. “Cela devrait impacter fortement les pays endettés comme l’Espagne, l’Irlande, l’Italie”, alors que “le taux d’emprunt est beaucoup moins fort en France”, indique-t-il. Chez PSA Peugeot Citroën, on indique que pour l’instant, on “n’arrive pas à isoler” un impact particulier de la crise financière sur la consommation automobile. Le PDG de l’équipementier automobile Valeo Thierry Morin évoque quant à lui des “impacts économiques considérables” de la crise financière. “Les ménages qui consommaient significativement vont consommer moins, parce qu’ils ont moins d’argent et quand ils en ont, ils seront inquiets et donc hésiteront beaucoup plus à s’engager sur des bien durables comme l’automobile”, a-t-il estimé vendredi sur France Info. Dans ce contexte, le marché automobile français, qui a résisté à la baisse grâce notamment à la mise en place du bonus écologique, va faire figure de test dans la prochaine période. “Le quatrième trimestre en France sera assez révélateur. S’il y a un net retournement, ce sera sûrement dû au resserrement du crédit”, prévoit Guillaume Mouren. |
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