Sauvetage des banques : l’administration Bush met 700 milliards de dollars sur la table

 
 
[20/09/2008 22:00:55] WASHINGTON (AFP)

photo_1221889659855-3-1.jpg
ésident de la Fed Ben Bernanke, George W. Bush, le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le président de la SEC Christopher Cox, le 19 septembre 2008 à Washington (Photo : Saul Loeb)

L’administration américaine met 700 milliards de dollars sur la table pour enrayer la grave crise de confiance des marchés financiers, demandant au Congrès de la laisser récupérer des créances douteuses pour apurer les comptes des banques et relancer la machine du crédit.

Le plan de l’administration Bush, que la majorité du Congrès voudrait amender, donne autorité au gouvernement pendant deux ans pour récupérer des actifs liés à des emprunts hypothécaires, qui sont à la racine de la crise financière.

“L’autorité du secrétaire (au Trésor) pour acheter des actifs liés à des créances immobilières conférée par ce texte sera limitée à 700 milliards de dollars d’encours à tout moment donné”, indique la proposition gouvernementale diffusée samedi au Capitole.

Les parlementaires, convaincus par le patron du Trésor Henry Paulson de la gravité de la situation lors d’une réunion d’urgence jeudi soir, affichent leur volonté d’adopter le texte d’urgence, peut-être dès vendredi, malgré leur intention de l’étoffer.

Samedi, l’influent sénateur démocrate Charles Schumer a salué l'”ouverture d’esprit et la coopération” de M. Paulson, avec lequel il venait de s’entretenir, alors que l’administration républicaine n’a pas à ce jour tenu compte d’une revendication de la majorité démocrate du Congrès, en faveur de mesures pour les contribuables et les propriétaires immobiliers.

“M. Paulson a compris que beaucoup (d’élus) au Congrès, à la fois des démocrates et des républicains, veulent s’assurer qu’il y ait (dans le projet de loi) des protections pour les propriétaires immobiliers”, a dit M. Schumer.

M. Paulson avait prévu de passer le plus clair du week-end en réunions avec les élus pour tenter d’aplanir les différends.

De son côté le président George W. Bush a défendu l’énormité sans précédent des sommes engagées. Ce plan est “massif car le problème est massif”, a-t-il dit samedi.

“Je suis convaincu que cette approche audacieuse coûtera beaucoup moins aux familles américaines que l’alternative” consistant à ne pas intervenir, a-t-il affirmé, brandissant la menace de suppressions d’emplois “massives”, d’une dégradation continue du marché immobilier et d’un tarissement des prêts à la consommation: une crise qui pourrait égaler en gravité la Grande dépression des années 1930.

Selon le document de l’administration, le plan aurait une durée de deux ans, mais le Trésor pourrait garder en son nom les actifs récupérés aussi longtemps que nécessaire.

Enfin, l’administration demanderait également au Congrès la permission d’embaucher des gestionnaires de fonds pour gérer les créances douteuses dont elle entend soulager les banques.

Ce plan a été communiqué au terme d’une folle semaine marquée par la panique puis l’euphorie des Bourses, avec des interventions en cascade de l’administration Bush, qui a assisté au dépôt de bilan de la banque d’affaires Lehman Brothers et nationalisé l’assureur AIG, sans compter toute une série de mesures de portée plus immédiate, destinées à rassurer et à favoriser la liquidité des marchés.

En dépit des détails apportés par l’administration, l’opération comporte encore des inconnues.

“La question à mille milliards, c’est comment le gouvernement va fixer le prix des créances empoisonnées” dont il entend soulager les banques, a expliqué à l’AFP Mary Ann Hurley, analyste chez DA Davidson & Co. “Est-ce que cela représentera encore des pertes importantes pour les banques et les institutions financières?”

Pour Brian Bethune, économiste de Global Insight, “le coût initial sera de plusieurs centaines de milliards de dollars que devra couvrir le Trésor américain” mais “le coût final pour les contribuables devrait être bien inférieur, si on considère que l’économie et le marché immobilier pourraient se redresser peut-être au deuxième trimestre 2009 et en 2010”.

 20/09/2008 22:00:55 – Â© 2008 AFP