[23/09/2008 15:29:00] PARIS (AFP) Conséquence d’une inflation élevée et du renchérissement du crédit, la consommation des ménages français est restée atone cet été, ce qui confirme que la croissance risque d’être réduite à sa plus simple expression en 2008, autour de 1%. Après un mois de juin revu en baisse (-0,5%), la consommation en produits manufacturés n’a progressé que de 0,4% en juillet pour repartir en baisse de 0,3% en août, a indiqué l’Insee mardi. “Autrement dit, après une baisse historique pour un mois de soldes en juin, la consommation a continué sur le chemin de la contre-performance au cours de la période estivale”, résume l’économiste Marc Touati (Global Equities). Sur un an, la consommation des ménages en produits manufacturés, qui représente environ un quart de la consommation des ménages en France mais constitue un bon indicateur de la tendance générale, a cédé 0,1% en août. “La consommation n’a plus progressé depuis la fin de l’année 2007”, constate Nicolas Bouzou, économiste en chef au cabinet Asterès. L’une des principales causes de cette “stagnation” est selon lui l’inflation qui est restée très élevée jusqu’à cet été, bien au-dessus de 3%. Cela signifie que “pour la majorité des salariés, il y a eu perte de pouvoir d’achat depuis le début de l’année” ce qui “se retrouve dans des comportements de consommation restrictifs.”
Ainsi, le textile-cuir (-0,1% en juillet, -1,9% en août) continue de “faire les frais des difficultés des ménages” et accuse un recul de 4,3% sur un an. “Il s’agit là de la variable d’ajustement par excellence du budget des ménages. Plus que jamais, en ces temps difficiles, les consommateurs attendent les soldes, et la chasse aux affaires qui va avec, pour regarnir leurs garde-robes”, explique l’économiste Alexander Law. La situation est en revanche nettement meilleure dans l’automobile (+2,0% sur un an en août) et dans les biens d’équipement du logement (+2,9% sur un an), mais “cette dynamique pourrait être rompue au cours des prochains mois”, “faute de pouvoir d’achat suffisant” et en raison du “retournement du marché immobilier” qui limite les déménagements et donc le renouvellement des équipements, estime M. Law. Car contrairement à ce qui s’est produit durant les cycles économiques précédents, “le crédit à la consommation joue mal son rôle de substitut au pouvoir d’achat pour maintenir un rythme de consommation croissant”, analyse Nicolas Bouzou, citant des statistiques de l’Association française des sociétés financières selon lesquelles “sur les 8 premiers mois de l’année, la production de prêts à la consommation n’a pas du tout progressé”. “Il faut y voir l’impact de la faiblesse du moral des ménages mais aussi les conséquences de la crise financière qui renchérit le coût des crédits à court terme”, note M. Bouzou. Pour Marc Touati, “ces évolutions confirment que la consommation n’est plus le moteur à toute épreuve des dix dernières années”, qui progressait en moyenne de 2% par an même en période de crise et qui tirait imperturbablement la croissance française derrière elle. Or, selon la plupart des économistes, même si l’inflation se modère, la consommation des ménages français ne retrouvera pas un niveau satisfaisant avant l’été 2009. “La volonté des ménages les plus aisés de reconstituer leur taux d’épargne et la nécessité pour les ménages qui perdent du pouvoir d’achat de restreindre leurs dépenses pèseront sur la croissance du PIB”, résume Nicolas Bouzou. Après avoir longtemps maintenu une prévision de croissance de 1,7 à 2,0% pour 2008, le gouvernement a finalement reconnu ne pouvoir tabler que sur une progression “autour de 1%” cette année comme en 2009. |
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