[24/09/2008 19:00:03] PARIS (AFP)
Après une première tentative cet été, EDF est parvenu à mettre la main sur le marché du nucléaire britannique en rachetant British Energy pour plus de 15 milliards d’euros, mais le coût de cette opération suscite des interrogations, notamment chez les salariés. L’électricien français a lancé mercredi la plus grande opération de son histoire en confirmant l’acquisition, pour un montant compris en 15,2 et 15,7 milliards d’euros, de l’exploitant britannique de centrales nucléaires British Energy (BE), qui a accepté cette OPA. Celle-ci ouvre à EDF les portes du très convoité marché britannique du nucléaire, que Londres a décidé, en janvier, de relancer. Elle marque une étape importante dans sa stratégie de développement à l’international dans le nucléaire et compense le revers essuyé la semaine dernière par EDF qui s’est fait rafler l’électricien américain Constellation par le milliardaire Warren Buffett. Pour y arriver, le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, qui refusait d’acheter BE “à n’importe quel prix”, a dû toutefois un peu relever son offre après une première proposition fin juillet, refusée alors par deux actionnaires de BE.
EDF a proposé de racheter les actions de British Energy soit tout en numéraire à 774 pence par action (contre 765 pence précédemment), soit en partie en numéraire à 700 pence et en partie en titres. Le groupe public français pourrait toutefois réduire la facture car il est en “discussions avancées” avec le gazier britannique Centrica pour que ce dernier rachète, au même prix, 25% de BE. Invesco, l’un des deux actionnaires de BE à s’être opposés à la première offre arguant d’un prix trop bas, a accepté mercredi l’OPA. Reste l’autre, le fonds d’investissement M&G, mais EDF se dit “assez confiant” dans la réussite de cette opération “très amicale”. Premier actionnaire de BE avec 35,2% du capital, le gouvernement britannique, qui a toujours appuyé EDF, a salué ce rachat, tout comme le Premier ministre français François Fillon. Avec BE, qui possède huit des dix centrales nucléaires du pays, EDF, qui exploite déjà 58 réacteurs en France, accède à un marché nucléaire prometteur. EDF, déjà présent au Royaume-Uni à travers sa filiale EDF Energy, prévoit d’y construire dans un premier temps quatre réacteurs de troisième génération EPR sur deux sites de BE. Mais le coût de ce rachat suscite des craintes, notamment du côté des salariés, qui le jugent “trop élevé”. Leurs représentants au conseil d’administration d’EDF mardi se sont tous abstenus lors du vote sur l’OPA. FO redoute les conséquences de l’opération pour les salariés. CGT et CFDT réclament à la direction des “engagements” pour le personnel et les usagers. L’opposition a aussi jugé ce rachat trop cher, notamment le Parti communiste qui a demandé “un débat national” sur la politique énergétique. M. Gadonneix s’est voulu rassurant mercredi, affirmant que son groupe n’avait “pas épuisé” ses capacités financières et était capable de réaliser d’autres acquisitions. Il a promis que ces projets britanniques seraient “favorables à l’emploi”. L’association écologiste Sortir du Nucléaire s’est, elle, émue de l’état du parc nucléaire britannique – “vieux et dangereux” – racheté par EDF. Mais ce dernier fait valoir que le démantèlement des centrales vieillissantes sera pris en charge par l’Etat britannique. Pour alléger le poids de ces investissements, M. Gadonneix n’a pas exclu non plus de faire venir des partenaires pour développer les EPR en Grande-Bretagne. Les investisseurs à la Bourse de Paris ont quant à eux salué ce rachat. L’action EDF gagnait 3,79% mercredi en milieu de journée, à 52,05 euros. |
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