Les vignerons du Tricastin veulent abandonner un nom trop lourd à porter

 
 
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ôteaux du Tricastin, près de la centrale nucléaire du même nom, le 24 septembre 2008 (Photo : Philippe Merle)

[25/09/2008 10:34:28] ROUSSAS (AFP) La série d’incidents qui a frappé les installations de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) cet été a empoisonné les relations entre les vignerons locaux et leur encombrant voisin, au point que l’appellation Côteaux du Tricastin pourrait disparaître.

Créé en 1964, avec l’attribution du label Vin de qualité supérieure (VDQS), avant de devenir une appellation d’origine contrôlée (AOC) en 1973, le vin des Côteaux du Tricastin a pourtant le bénéfice de l’antériorité.

Ce n’est qu’avec l’implantation, à partir de 1974-75, de la centrale nucléaire EDF que le site, connu jusqu’alors sous le nom de Pierrelatte, l’une des trois communes qui l’abrite, est devenu le site nucléaire du Tricastin.

Perçu à l’époque comme un progrès, le nucléaire est progressivement devenu un boulet pour l’image des vignerons locaux, qui cherchent à s’en démarquer depuis des années.

“Il y a toujours eu des petites plaisanteries un peu douteuses, ou un petit frein lorsque les gens voyaient le nom +Tricastin+ sur la bouteille”, raconte Henri Bour, président de l’appellation et vigneron à Roussas.

“Il y a huit ans, on avait déjà fait une démarche auprès d’EDF pour qu’ils changent le nom de la centrale. Nous n’avions aucune raison, nous, d’abandonner notre nom, qui est lié à notre terroir, mais nous avions été éconduits sans égard”, ajoute-t-il.

Les incidents de l’été, et surtout leur forte médiatisation, n’ont fait qu’amplifier le malaise, notamment la fuite de 74 kg d’uranium rejetés dans l’environnement à la suite du débordement d’une cuve à l’usine Socatri (Areva), début juillet.

Malgré une série d’analyses démontrant l’absence de radioactivité suspecte dans les vignes, “on sent que nos interlocuteurs sont refroidis par ce qui s’est passé”, assure M. Bour.

“On n’en aura le coeur net que dans les mois à venir, et il est trop tôt pour se faire uneopinion chiffrée” de l’impact sur les ventes, reconnaît-il toutefois.

A la cave coopérative de Suze-la-Rousse (Drôme), le directeur général Alain Bayonne confirme qu’il sent les clients “un peu frileux”, voire “réfractaires”.

Pour la deuxième plus petite appellation de la vallée du Rhône, avec 330 exploitations sur 2.500 hectares de vignes — dont 200 seulement situés à moins de trois kilomètres de la centrale –, et qui vend 90% de sa production en France, l’image est primordiale.

Les responsables viticoles ont la conviction que changer le nom de la centrale ne suffira plus. “Le mal est fait, le nom de Tricastin est irrémédiablement associé à la centrale”, résume M. Bour.

Réuni en conseil d’administration début août, le syndicat des vignerons des Côteaux du Tricastin a opté pour une solution radicale: demander à l’Institut national des appellations d’origine (Inao) de changer de nom.

La majorité des producteurs souhaiterait que l’appellation fusionne avec celle, plus générique, des Côtes du Rhône. “Beaucoup de vignerons font déjà les deux appellations”, explique Henri Bour.

La seconde possibilité serait de trouver un nouveau nom, mais cela demanderait un effort de promotion pour faire connaître la nouvelle appellation et des investissements importants.

La cuvée 2008 sera de toute façon encore commercialisée sous l’appellation actuelle, l’Inao ne devant pas ouvrir la procédure de changement de nom avant la fin de l’année, selon M. Bour.

 25/09/2008 10:34:28 – Â© 2008 AFP