[25/09/2008 17:01:53] BRUXELLES, 25 sept 2008 (AFP) Les eurodéputés ont résisté jeudi aux pressions des constructeurs automobiles et maintenu les amendes prévues dès 2012 si la pollution des voitures ne baisse pas sensiblement, augurant d’une âpre bataille, notamment avec l’Allemagne qui soutient mordicus son industrie. Les élus membres de la commission Environnement du Parlement européen ont retenu les propositions faites par Bruxelles en décembre: elles prévoient d’imposer dès 2012 des pénalités aux constructeurs qui ne respecteraient pas l’objectif de 130g/km maximum de CO2 émis en moyenne par un véhicule neuf (au lieu de 160 actuellement). Les voitures sont actuellement responsables de 14% des émissions de CO2 en Europe. Ils ont rejeté le compromis que leur proposait le rapporteur socialiste italien Guido Sacconi: le point principal consistait à n’appliquer pleinement ce système d’amendes qu’à partir de 2015, en réduisant le montant des amendes prévues. Le but, a-t-il expliqué après coup, était de “se retrouver à mi-chemin” entre les souhaits des industriels, qui rejetaient toute amende jusqu’en 2015 – avec l’appui de la commission Industrie du Parlement -, et les propositions de la Commission. Et de faciliter le vote du texte en plénière, contribuant ainsi à tenir le cap sur l’ensemble du plan européen de lutte contre le réchauffement climatique, pour lequel l’UE veut avoir dégagé un accord politique avant fin décembre. Les constructeurs ne s’attendaient pas au revers de jeudi: le compromis Sacconi semblait acquis, les deux grands partis du Parlement européen, PPE (conservateurs) et PSE (socialistes), ayant appelé à voter pour. Mais une partie des socialistes et des conservateurs sont sortis du rang, rejoignant les Verts et une partie des libéraux pour maintenir les propositions de Bruxelles, par 46 voix contre 19, lors d’un vote particulièrement chahuté, selon un porte-parole du Parlement. L’Association des constructeurs européens (ACEA) a qualifié ce vote de “mauvaise nouvelle pour l’Europe” et appelé les parlementaires à “ne pas menacer l’avenir de la production automobile en Europe”. Les défenseurs de l’environnement ont au contraire applaudi. Greenpeace a estimé que le Parlement avait “évité un désastre” et a demandé aux Etats membres de “tenir compte” du vote de jeudi. Car de difficiles tractations s’annoncent pour arriver à un nouveau compromis d’ici le vote en plénière attendu en novembre. Tout le monde s’attend à ce que les constructeurs et les pays membres où l’industrie automobile est la plus puissante (Allemagne, France, Italie) reviennent à la charge pour “rééquilibrer” le texte, selon M. Sacconi. Pour être adoptée, la loi nécessitera en effet l’accord de la majorité des élus du Parlement, mais aussi celui des 27 pays membres. Or pour l’Allemagne et la France, patries de géants comme Volkswagen, Daimler, Peugeot ou Renault, le dossier se traite au plus haut niveau: le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel étaient eux-aussi tombés d’accord en juin – avant que la France ne prenne la présidence de l’UE qui l’oblige à la réserve – pour assouplir les propositions de la Commission. Les divisions constatées jeudi au sein des partis risquent de se retrouver sur d’autres volets du plan contre le réchauffement, estimait jeudi un responsable de la présidence française de l’UE. Notamment celui qui prévoit d’obliger les industries les plus polluantes à acheter aux enchères des permis de polluer, qui devrait être voté en commission courant octobre. Si c’est le cas, l’adoption de ce plan dont l’UE a fait une priorité pourrait être reportée bien au-delà de décembre. “Il y a aujourd’hui un signal qui fait mal: on sent qu’un décalage de calendrier peut se produire”, a indiqué le responsable français. |
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