En baisse de 20% à la Bourse, Fortis ne convainc pas en vendant des actifs

 
 
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à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[26/09/2008 18:35:43] LA HAYE (AFP) Le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, dont l’action a fini vendredi en baisse de 20% à la Bourse d’Amsterdam, n’a pas convaincu les marchés avec son projet de vente d’actifs pour 5 à 10 milliards d’euros tout en assurant qu’il disposait de liquidités et était solvable.

En conséquence, Fortis a annoncé vendredi le départ immédiat de son directeur exécutif (CEO) Herman Verwilst, remplacé par le responsable de la division bancaire du groupe, Filip Dierckx.

Pour “se renforcer” et financer l’intégration de son ancien rival néerlandais ABN Amro racheté en 2007, Fortis a décidé de vendre dix actifs “non-stratégiques” dans le secteur bancaire et de l’assurance, situés au Benelux et en dehors.

A la clôture de la Bourse d’Amsterdam, le titre perdait 20,92% à 5,18 euros, atteignant son niveau le plus bas en quinze ans.

Fortis avait prévu en juin, en lançant un plan de solvabilité critiqué, de dégager 8,3 milliards d’euros notamment par une augmentation de capital et l’émission d’obligations, mais le contexte financier y est “peu propice”, selon le groupe.

“Nous avons déjà réalisé (la rentrée de) 3,1 milliards d’euros, il reste à trouver 5,2 milliards d’euros” par la vente d’actifs non-stratégiques, a expliqué le directeur exécutif Herman Verwilst, lors d’une conférence de presse.

“Des acquéreurs potentiels ont manifesté un intérêt concret pour chacun de ces dossiers et des accords de confidentialité ont été signés. Aucune augmentation de capital n’est envisagée”, assure la banque.

“Il n’est pas du tout d’actualité que Fortis puisse faire faillite. Il n’y a pas la moindre probabilité que nous ayons à faire face à un problème à ce sujet”, a affirmé M. Verwilst, alors que l’action Fortis a laissé 37% en dix jours.

Des rumeurs, démenties par le groupe, avaient attribué la semaine dernière à Fortis l’intention de procéder à une augmentation de capital par émission d’actions.

Jeudi, elles rapportaient que Fortis s’apprêtait à recevoir une injection de liquidités de la néerlandaise Rabobank, plombant le titre qui a perdu jusqu’à 20% en séance.

Vendredi, des analystes estimaient que sa concurrente néerlandaise ING, la banque française BNP Paribas et la banque britannique HSBC étaient en bonne position pour la racheter.

Ce “sont des spéculations dans un but lucratif”, s’est défendu M. Verwilst.

“Fortis dispose d’une capitalisation diversifiée supérieure à 300 milliards d’euros (…) lui permettant pleinement de financer ses activités”, a rassuré la banque, ajoutant que sa solvabilité “est solide et nettement au-dessus du minimum légal”.

“Fortis a une stratégie, Fortis a un plan pour renforcer son capital et intégrer les parties qu’elle a achetées d’ABN Amro”, a martelé M. Verwilst.

“Moins de 3%” des clients particuliers ont quitté la banque depuis qu’elle traverse une crise, selon lui.

Les soucis avaient commencé pour Fortis lorsque, après l’annonce du plan de solvabilité le 26 juin, son action avait perdu 19% dans la journée.

Afin de répondre à la gronde croissante d’actionnaires mécontents, Fortis avait ensuite annoncé le 11 juillet le départ de son directeur exécutif Jean-Paul Votron, remplacé par son adjoint d’alors Herman Verwilst.

La crise du crédit hypothécaire à risque (subprime) a coûté quelque 2,9 milliards d’euros net sur les trois derniers trimestres à Fortis.

La valeur de l’action a été divisée par six depuis juin 2006 et sa capitalisation a chuté à 9 milliards d’euros, soit bien moins que la somme de 24 milliards déboursée pour le rachat d’ABN Amro.

“Le cours en Bourse actuel ne reflète pas du tout la valeur du groupe”, a insisté Herman Verwilst, invitant à prendre en compte “la nervosité et l’émotion” qui caractérisent les marchés financiers depuis l’agravation de la crise aux Etats-Unis.

 26/09/2008 18:35:43 – Â© 2008 AFP