Fortis, en pleine tourmente et malmené en Bourse, annonce le départ de son PDG

 
 
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écutif de Fortis démis de ses fonctions, le 26 septembre 2008 à Bruxelles (Photo : Didier Jouret)

[26/09/2008 19:14:40] LA HAYE (AFP) Le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, en pleine tourmente, a annoncé vendredi le départ d’un deuxième patron en moins de trois mois sur fond d’effondrement de son cours de Bourse, et n’a pas réussi à convaincre les marchés par la mise en vente de 5 à 10 milliards d’euros d’actifs.

Fortis a annoncé vendredi soir que Filip Dierckx, qui dirige sa division bancaire, remplacerait “dès aujourd’hui” Herman Verwilst, comme directeur exécutif du groupe. M. Verwilst avait été désigné le 11 juillet pour remplacer Jean-Paul Votron, débarqué sous la pression d’actionnaires mécontents.

L’action Fortis, la première banque européenne à être entraînée dans les turbulences financières depuis l’aggravation de la crise aux Etats-Unis avec Lehman Brothers, a atteint vendredi son plus bas niveau depuis quinze ans à la clôture de la Bourse d’Amsterdam, chutant de 20,92% à 5,25 euros.

Afin de rassurer les marchés, alors que son cours a perdu 37% ces dix derniers jours, la banque avait annoncé dans l’après-midi qu’elle mettait en vente dix actifs “non-stratégiques” dans le secteur bancaire et de l’assurance, situés au Benelux et en dehors.

Les 5 à 10 milliards que ces cessions doivent rapporter sont destinés à financer un plan de solvabilité lancé en juin avec l’objectif de dégager 8,3 milliards d’euros.

Celui-ci prévoyait initialement, entre autres mesures, une augmentation de capital et l’émission d’obligations, mais le contexte financier y est “peu propice”, selon le groupe, qui assure avoir déjà collecté 3,1 milliards d’euros.

“Des acquéreurs potentiels ont manifesté un intérêt concret pour chacun de ces dossiers et des accords de confidentialité ont été signés. Aucune augmentation de capital n’est envisagée”, assure la banque.

“Il n’est pas du tout d’actualité que Fortis puisse faire faillite. Il n’y a pas la moindre probabilité que nous ayons à faire face à un problème à ce sujet”, avait affirmé M. Verwilst lors d’une conférence de presse dans l’après-midi.

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ège du bancassureur belgo-néerlandais Fortis le 26 septembre 2008 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

Des rumeurs, démenties par le groupe, avaient attribué la semaine dernière à Fortis l’intention de procéder à une augmentation de capital par émission d’actions.

Jeudi, elles rapportaient que Fortis s’apprêtait à recevoir une injection de liquidités de la néerlandaise Rabobank, plombant le titre qui a perdu jusqu’à 20% en séance.

Vendredi, des analystes estimaient que sa concurrente néerlandaise ING, la banque française BNP Paribas et la banque britannique HSBC étaient en bonne position pour la racheter.

Ce “sont des spéculations dans un but lucratif”, s’est défendu M. Verwilst.

“Fortis dispose d’une capitalisation diversifiée supérieure à 300 milliards d’euros (…) lui permettant pleinement de financer ses activités”, a rassuré la banque, ajoutant que sa solvabilité “est solide et nettement au-dessus du minimum légal”.

“Moins de 3%” des clients particuliers ont quitté la banque depuis qu’elle traverse une crise, selon M. Verwilst.

Les soucis avaient commencé pour Fortis lorsque, après l’annonce du plan de solvabilité le 26 juin, son action avait perdu 19% dans la journée.

Afin de répondre à la gronde croissante d’actionnaires mécontents, Fortis avait ensuite annoncé le 11 juillet le départ de son directeur exécutif Jean-Paul Votron, remplacé par son adjoint d’alors Herman Verwilst.

La crise du crédit hypothécaire à risque (subprime) a coûté quelque 2,9 milliards d’euros net sur les trois derniers trimestres à Fortis.

La valeur de l’action a été divisée par six depuis juin 2006 et sa capitalisation a chuté à 9 milliards d’euros, soit bien moins que la somme de 24 milliards déboursée pour le rachat d’ABN Amro.

“Le cours en Bourse actuel ne reflète pas du tout la valeur du groupe”, a insisté Herman Verwilst, invitant à prendre en compte “la nervosité et l’émotion” qui caractérisent les marchés financiers depuis l’agravation de la crise aux Etats-Unis.

 26/09/2008 19:14:40 – Â© 2008 AFP