Paris repousse encore la perspective d’un déficit zéro, Bruxelles ne dit mot

 
 
[26/09/2008 18:01:02] PARIS (AFP)

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ésiden français Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne, le 1er septembre 2008 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

Dans son budget 2009, le gouvernement français s’éloigne encore de l’engagement pris auprès de ses partenaires européens de ramener à zéro le déficit public de la France en 2012, mais Bruxelles semble prêt à fermer les yeux si Paris ne franchit pas la ligne rouge des 3% du PIB.

“Paris sera à nouveau parmi les mauvais élèves de la zone euro” l’an prochain, aux côtés de la Grèce, du Portugal et l’Italie, constate Frédéric Ducrozet, économiste du Crédit Agricole.

En 2009, le gouvernement va se contenter de stabiliser le déficit public (Etat, collectivités locales, comptes sociaux) à 2,7% comme cette année, alors qu’initialement, il avait prévu de le ramener à 2,3% dès 2008.

Touchée par la crise financière née aux Etats-Unis et menacée de récession, la France va faire jouer les “stabilisateurs automatiques”, c’est-à-dire laisser filer le déficit de l’Etat dans la mesure où il résulte d’une baisse des recettes fiscales et non d’une augmentation des dépenses de l’Etat.

Et ce avec l’assentiment tacite de Bruxelles.

La Commission européenne avait rappelé à l’ordre la France en juin sur le dérapage de son déficit, mais lui avait finalement octroyé un répit il y a deux semaines lors de la réunion des ministres européens des Finances à Nice.

Vendredi, elle s’est refusée à commenter immédiatement le budget 2009, mais, selon des sources proches du dossier, elle pourrait opter pour la clémence.

Elle semble avoir choisi de ne pas accabler la France au moment où celle-ci préside l’Union européenne et alors que tous les pays de la zone euro sont touchés par la crise.

A condition toutefois que Paris ne dépasse pas la barre des 3% de déficit public, limite maximale imposée par le Pacte de stabilité et de croissance.

D’après son projet de budget 2009, Paris devrait éviter cet écueil, même si le gouvernement ne commence à résorber ses déficits qu’à partir de 2010.

La France table sur un déficit public de 2% en 2010, 1,2% en 2011 et 0,5% en 2012, renonçant ainsi à l’objectif d’un déficit nul en 2012 comme elle s’y était engagée auprès des autres membres de la zone euro en 2007. Avec déjà deux ans de retard par rapport aux promesses du gouvernement Villepin.

Ses partenaires avaient également convenu de ramener leur dette publique sous la barre de 60% du PIB d’ici 2010.

Là aussi, Paris est sur la mauvaise pente: la dette française va grimper l’an prochain à 66% du PIB, après 65,3% prévus cette année, et ne devrait redescendre qu’à 61,8% du PIB en 2012.

En outre, les prévisions de croissance françaises, prudentes pour 2009 avec une fourchette de 1 à 1,5%, sont très optimistes ensuite, à 2,5% par an jusqu’en 2012, un rythme quasiment jamais observé sur trois années consécutives.

Guillaume Menuet, économiste chez Merrill Lynch, juge d’ailleurs que les objectifs affichés par Paris seront “très difficiles à tenir” et ces prévisions de croissance très “volontaristes”.

Il n’exclut pas que le déficit public “dépasse la limite des 3%”, l’an prochain.

Parmi les grandes économies de la zone euro, l’Italie a, elle aussi, repoussé ses objectifs de retour au déficit zéro, après avoir révisé à la baisse ses prévisions de croissance.

A l’inverse, l’Allemagne a ramené ses comptes publics à l’équilibre l’an dernier et n’anticipe pas de dérapage.

 26/09/2008 18:01:02 – Â© 2008 AFP