[27/09/2008 10:26:25] WASHINGTON (AFP) A 30 ans, avec un prêt étudiant et trois crédits à la consommation à rembourser, Ryan Little a choisi de se passer des banques pour restructurer ses dettes. Grâce à internet, il a pu emprunter 10.000 dollars auprès d’une trentaine de particuliers. “Chez les banques que j’ai consultées, les taux d’intérêt étaient supérieurs de 5 à 7 point à chez Lending Club. Ca finit par faire une sacrée somme d’argent au bout du compte. Je dirais qu’en tout, en trois ans, je vais économiser environ 3.000 dollars rien qu’en paiements d’intérêts.” Lending Club est l’un des nombreux réseaux de prêts de “pair à pair” sur internet. Sur le modèle des sites d’enchères, les candidats à l’emprunt fixent le taux d’intérêt maximum qu’ils sont prêts à payer et les prêteurs rivalisent pour faire la meilleure offre. Ryan a obtenu un prêt sur trois ans à un taux de 12,6%. Tous les mois, il rembourse 330 dollars ensuite redistribués par Lending Club à ses prêteurs. Des prêteurs aux profils divers mais souvent bien loin des milieux financiers. Elizabeth Colglazier, mère de famille et avocate de profession, a prêté plus de 3.300 dollars à 41 personnes à travers le réseau Prosper. Perchée sur son tabouret de cuisine, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur, elle passe en revue ses différents emprunteurs. “Ca, c’est la première demande pour laquelle j’ai enchéri. J’ai fait une offre car il s’agissait d’une famille qui montait sa propre entreprise tournée vers les enfants. J’ai lu leur profil et j’ai trouvé qu’ils avaient un bon plan d’affaires et que leur entreprise allait sûrement marcher”. Photo, profession, situation bancaire et raisons de l’emprunt, c’est en consultant ces informations qu’Elizabeth prend sa décision. Les utilisateurs du réseau peuvent emprunter ou prêter jusqu’à 25.000 dollars maximum. Les prêts d’Elizabeth s’échelonnent entre 50 et 100 dollars. Lorsqu’ils lui paraissent risqués, elle ajuste à la hausse les taux d’intérêts, comme pour ce prêt de 50 dollars à 22%. “J’ai choisi cette annonce car la personne devait rembourser une facture médicale. J’ai pensé que c’était pour une bonne cause,” déclare-t-elle. “Ca me plait de faire ça. J’ai l’impression de rendre service tout en recevant un retour important sur mes investissements. Je sais bien que c’est risqué mais c’est vrai pour tous les investissements. Là, au moins, je sais à qui je prête de l’argent et ce qu’ils vont en faire”. Si les entreprises qui administrent ces réseaux vérifient l’identité et la solvabilité des emprunteurs, elles n’offrent en général aucun recours en cas de défaut de paiement. “C’est là la clé. C’est aux personnes elles-mêmes de décider de prêter de l’argent aux emprunteurs”, explique Chris Larsen, directeur général de Prosper. L’entreprise perçoit des pénalités pour les retards de paiement. L’identité des mauvais payeurs est communiquée aux entreprises qui établissent “l’historique de crédit” indispensable aux Américains souhaitant emprunter. “Il faut considérer ce concept comme un environnement spéculatif où les risques d’impayés sont assez élevés. Vous prêtez de l’argent à d’autres individus mais vous n’avez pas d’institution bancaire derrière vous pour sécuriser votre prêt”, explique John Vyge, conseiller financier pour Hillebrand Financial Planning. Les Américains avaient, ces dernières années, pris l’habitude d’emprunter sans aucune difficulté et à des taux très bas, explique-t-il. Mais aujourd’hui, cet accès au crédit s’est restreint et ils se tournent vers d’autres sources pour obtenir de l’argent. Selon Chris Larsen, le site Prosper, créé il y a deux ans et demi, compte 800.000 utilisateurs et 175 millions de dollars de prêts y ont été négociés. Parmi les 41 emprunteurs d’Elizabeth figure son petit ami. Sur les 9.000 dollars dont il avait besoin, elle lui en a prêté 1.000, à un taux de 2%. C’est la plus grosse somme qu’elle prête au taux d’intérêt le plus bas. “Ca retire une tension de notre relation. Mon petit ami suit un programme de remboursement sur lequel je n’ai aucune influence”, raconte-t-elle. “Bien sûr, je l’inviterai sûrement au restaurant ou autre chose avec les intérêts qu’il me paie”, s’amuse Elizabeth. |
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