Les informations publiées
par la presse locale (en ligne et imprimée), concernant les prochaines
ouvertures de banques islamiques en Tunisie n’ont pas toujours eu l’écho
qu’elles méritent. D’aucuns considèrent que ce type d’institution ne
convient pas nécessairement aux échanges d’une économie globalisée, voire «virtualisée».
Certains jugeant (trop vite ?) que l’on ne peut gérer les affaires
d’aujourd’hui, avec des solutions datant d’hier. L’actualité récente,
pourtant, devrait peut-être les inciter à plus de retenue. La sortie pure et
simple des principales banques d’affaires américaine de Wall Street,
pourrait mettre à nu les dysfonctionnements d’un système, que même des
économistes américains comme Stieglitz, (prix Nobel 2001, et chef économiste de
la Banque mondiale) ont durement critiqué.
En attendant, une chose est sûre : l’onde de choc de la catastrophe
financière n’a pas fini de se répandre. L’hebdomadaire français «Marianne»
titre en couverture «La faillite du néo-capitalisme. Jusqu’où?». Le Figaro,
lui, peu suspect de gauchisme, affiche «Quand la crise financière rattrape
l’économie réelle». Un ex-ministre de l’Economie français, Laurent Fabius, a
même souligné la «déconnexion totale entre l’économie d’un côté et la
finance de l’autre». Et pour ceux qui ont cru que les mesures du
gouvernement américain allaient nous sortir de l’auberge, «La Tribune»
répond «Non, la crise n’est pas finie». Quel rapport avec la finance
islamique ?
Dans ce magma d’informations, un article (voir ici) signé par un
éditorialiste français, Vincent Beaufils en l’occurrence, et publié dans le
magazine «Challenges», sort du lot. Mieux : le papier est en train de faire
le tour du monde. En suscitant bien des commentaires sur les forums du web
et autres blogs arabes. «Challenges» est pourtant une revue consacrée au
monde de l’entreprise et de la finance, comme il en existe bien d’autres en
Europe. Plutôt objective, elle est peu suspecte de dérives politiciennes à
l’orientale. Et pourtant, l’article peut nous paraître, même à nous,
Tunisiens, qui avons misé sur la «modernité» dans tous les domaines, y
compris bancaires, plutôt surprenant. Le journaliste se permet même
d’opposer le texte musulman sacré à la Bible: «En réalité, et Benoît XVI
nous pardonnera, au moment où nous traversons une crise financière qui
balaie tous les indices de croissance sur son passage, c’est plutôt le Coran
qu’il faut relire que les textes pontificaux. Car si nos banquiers, avides
de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la
charia, nous n’en serions pas là».
Le journaliste français ne s’arrêtera pas là : «leurs banquiers (des pays du
Golfe, NDLR) ne transigent pas sur un principe sacré : l’argent ne doit pas
produire de l’argent. La traduction de cet engagement est simple : tout
crédit doit avoir en face un actif bien identifié». Une réponse concrète et
précise aux interrogations de Fabius. Autant d’éléments qui devraient nous
faire voir d’un œil nouveau, l’initiative de certains opérateurs privés,
(Tunisiens y compris) qui visent à ouvrir des établissements bancaires
islamiques dans notre pays.
Un signe, en ce mois de Ramadan 1429 ?!
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