[29/09/2008 18:00:44] WASHINGTON (AFP) L’essoufflement de la consommation des ménages aux Etats-Unis, moteur traditionnel de la croissance, ajoute aux difficultés de l’économie et semble rapprocher un peu plus le pays de la récession. Selon les chiffres publiés lundi par le ministère du Commerce américain, les dépenses de consommation des ménages sont restées stables en août par rapport au mois précédent, après avoir augmenté de 0,7% en mai, de 0,5% en juin et de 0,1% en juillet. Cet essoufflement de la consommation signifie que l’effet lié aux chèques de remises d’impôt accordés par les autorités, précisément pour relancer la croissance, a fait long feu. Ces chèques, qui constituaient une des mesures du plan d’aide à l’économie voté par le Congrès au printemps, ont été envoyés aux ménages essentiellement de la fin avril jusqu’à la mi-juillet. La modération de l’inflation (l’indice des prix liés aux dépenses de consommation des ménages est resté quasi stable en août), conjuguée à la baisse des prix du pétrole n’a apparemment pas eu d’effet sur les intentions d’achats de consommateurs inquiets pour l’avenir. Cet étranglement des dépenses des ménages a de quoi inquiéter les autorités américaines dans la mesure où le consommation intérieure représente normalement près de 70% du produit intérieur brut des Etats-Unis. Si le frein mis aux dépenses de consommation découle sans nul doute possible de la situation économique actuelle, il risque fort d’avoir à son tour des conséquences négatives sur l’ensemble de l’économie et d’alimenter un cercle vicieux. Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés par le ministère du Commerce, les revenus des ménages ont augmenté en août de 0,5% par rapport au mois précédent, après avoir baissé de 0,6% en juillet.
Mais leur revenu disponible a reculé de 0,9% par rapport à juillet, après avoir baissé de 0,8% le mois précédent. “Les consommateurs gagnent toujours un peu d’argent, mais ils ne trouvent aucun intérêt à le dépenser”, résume l’économiste indépendant Joel Naroff. Les chiffres publiés lundi viennent corroborer les observations de la Réserve fédérale (Fed), qui s’inquiétait début septembre de la faiblesse de la consommation des ménages, notant dans son Livre Beige sur les perspectives de l’économie que les acheteurs étaient “concentrés sur les produits de première nécessité”, “délaissant le superflu”. Après la révision en baisse vendredi du chiffre de la croissance du PIB à 2,8% en rythme annuel, plusieurs analystes estiment désormais que les Etats-Unis sont entrés en récession au cours du troisième trimestre. L’économiste Brian Bethune, du cabinet Global Insight, estime que “les dépenses de consommation réelles des ménages baisseront de 2,2% au troisième trimestre” et que la croissance restera au mieux “à peu près stable”. Tablant également sur une baisse de la consommation totale pendant l’été, Marie-Pierre Riper, économiste de Natixis, dit s’attendre désormais à une “récession” pour les deux derniers trimestres de l’année en cours. M. Naroff juge de même que “la croissance pourrait être négative au troisième trimestre”. Et, dit-il, même si le Congrès adopte cette semaine le plan de sauvetage des banques proposé par le gouvernement “il ne faut pas s’attendre à une croissance solide avant un certain temps”. |
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