France : la crise de la construction de logements s’aggrave

 
 
[30/09/2008 16:45:37] PARIS (AFP)

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ère le 1er septembre 2008 à Toulouse (Photo : Eric Cabanis)

Passant sous la barre symbolique des 400.000 logements par an, le nombre de mises en chantier continue de reculer en France, à deux semaines de la présentation au Parlement par la ministre du Logement d’une loi jugée insuffisante par les professionnels pour juguler la crise.

Le nombre de mises en chantier a encore baissé au cours de la période allant de juin à août, pour atteindre 106.689 soit 13,1% de moins qu’un an plus tôt, selon les chiffres publiés mardi par le ministère de l’Ecologie.

Au cours des 12 derniers mois (septembre 2007 à août 2008), le nombre de mises en chantier est en repli de 9,5% à 394.726 unités tandis que le nombre de permis de construire chute de 16,0% à 480.793 unités.

Des chiffres d’autant plus inquiétants que, pour répondre à la demande de logements non satisfaite en France, l’objectif affiché du gouvernement était de 500.000 nouveaux logements par an.

Les logements individuels ont résisté un peu mieux au cours de l’été. Sur les trois derniers mois, leurs mises en chantier ont baissé de 4,1% et de 12,0% sur un an alors que celles des logements collectifs ont chuté de 23,3% sur le trimestre et de 5,3% sur un an.

“C’est un coup de tonnerre. Si l’effondrement continue on peut tomber à 380.000 mises en chantier sur toute l’année 2008 et entre 350.000 et 360.000 en 2009”, estime Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université de Paris X-Nanterre.

Alexandre Mirlicourtois, directeur des études économiques du cabinet Xerfi, est encore plus pessimiste: “après avoir atteint le niveau record de 435.365 unités l’année dernière, les mises en chantier ne dépasseront pas le seuil des 350.000 cette année et viendront mourir sur la barre des 300.000 en 2009”.

“Les difficultés proviennent largement des conséquences de la crise financière alors même que les professionnels de l’immobilier sont en mesure de répondre aux besoins de construction et que les besoins en logements restent forts”, déclare une porte-parole du ministère du Logement.

Le resserrement du crédit et le mauvais moral des ménages seraient en effet les deux principales raisons de ce brutal plongeon.

“Il y a en un coup d’arrêt brutal des ventes à partir de juin. Entre juillet et septembre, le taux de désistement des ménages qui avaient déjà acheté un logement neuf mais qui ont eu des difficultés à obtenir un crédit – ou qui ont eu peur de la situation économique – est monté à plus de 50% chez les promoteurs”, confie à l’AFP Alain Dinin, PDG de Nexity, le numéro un du secteur.

Les ventes de logements neufs en France ont déjà baissé de 30% pour les six premiers mois de 2008, selon les chiffres des professionnels.

Les dispositions de la loi de la ministre Christine Boutin sont jugées insuffisantes par les professionnels pour enrayer la chute.

Jean-François Gabilla, président de la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC), a réclamé mardi que le taux de TVA soit abaissé de 19,6% à 5,5% “dans toutes les agglomérations de plus de 250.000 habitants” pour faciliter l’accession à la propriété des personnes à revenus modestes.

Pour convaincre Bercy, réticent jusqu’à présent à une mesure de ce type, Mme Boutin pourra s’appuyer sur la forte augmentation (+14,4% en avril par rapport au mois de mars) du nombre de défaillances d’entreprises, révélées mardi par l’INSEE.

C’est en effet dans les secteurs de la construction et de l’immobilier que les défaillances se sont accélérées le plus en avril (respectivement +21,8% et +22,5% sur douze mois).

 30/09/2008 16:45:37 – Â© 2008 AFP