Boeing/Airbus face aux salariés : grève pour l’un, concertation pour l’autre

 
 
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ésentation au public, le 11 décembre 2007 à Everett, dans le nord-ouest des Etats-Unis (Photo : Tangi Quemener)

[01/10/2008 13:57:03] PARIS (AFP) Au moment où des milliers d’ouvriers mécaniciens de l’américain Boeing sont en grève depuis près de quatre semaines pour des hausses de salaires, les salariés de l’européen Airbus, dont certains sites de production sont actuellement vendus ou filialisés, préfèrent la concertation.

Lundi, seuls quelques centaines de salariés d’Airbus ont débrayé en France contre la filialisation des usines de Méaulte (Somme) et de Saint-Nazaire-Ville (Loire-Atlantique), à l’appel de la CGT, troisième syndicat chez les salariés français.

“La filialisation, c’est un moindre mal par rapport à la vente, même si on n’est pas d’accord sur la stratégie d’Airbus et d’EADS d’externaliser au maximum”, explique Philippe Fraysse, secrétaire fédéral de FO, premier syndicat français chez Airbus. “Il y a actuellement un processus de concertation avec des réunions du Comité central d’entreprise et du comité européen”, ajoute-t-il, en précisant n’avoir jamais été “pour la gréviculture”.

“On a l’habitude de négocier avec la direction avant d’appeler à des débrayages”, remarque Françoise Vallin, de la CGC, deuxième syndicat français chez Airbus.

La vente de l’usine de Filton au britannique GKN en septembre n’a pas suscité de vague en Grande-Bretagne, tout comme celle en août du site de Laupheim en Allemagne à l’allemand Diehl et au français Thales.

“Comparé à ce que c’était il y a un an, la situation s’est calmée”, estimait récemment le patron d’Airbus, Thomas Enders, “j’apprécie le fait que les salariés aient mené des discussions constructives”.

Après l’annonce en février 2007 du plan de restructuration d’Airbus Power8, actuellement mis en oeuvre, prévoyant notamment 10.000 suppressions d’emplois sans licenciements secs, des dizaines de milliers de salariés s’étaient mobilisés dans toute l’Europe, organisant des actions communes, sans toutefois déclencher de grève dure.

Mais depuis, “nos salariés se sont comportés de façon assez responsable. Ils ont pris en compte que la situation d’Airbus était difficile”, observait M. Enders. Ils se montrent conciliants avec une direction qui n’agit pas brutalement.

Une impression partagée par Rupinder Vig, analyste chez Morgan Stanley. “Les employés d’Airbus savent que le groupe doit réduire ses coûts en raison notamment de la faiblesse du dollar comparé à l’euro”.

L’avionneur européen a la majeure partie de ses coûts de production en euro, mais vend ses avions en dollar, la devise communément utilisée dans le monde aéronautique. Un handicap que n’a pas Boeing qui vend et produit ses appareils en monnaie américaine.

Depuis le 5 septembre, le constructeur américain doit faire face à un mouvement offensif de ses salariés: la grève des ses 27.000 ouvriers mécaniciens, soit environ 16% de ses effectifs, après l’échec de négociations sur les modalités d’un nouveau contrat salarial pluriannuel. Le groupe avait proposé une augmentation des salaires de 11% sur trois ans.

En un point toutefois, la situation des salariés des deux constructeurs se ressemblent: les dirigeants, pour réduire les coûts, externalisent une grande partie de la production hors du berceau d’origine. Ainsi, quatre cinquième du futur long-courrier de Boeing, le 787, est produit en dehors des USA.

Le 9 septembre, Airbus avait annoncé vouloir poursuivre les implantations dans des pays de la zone dollar ou à bas coût, pour économiser un milliard d’euros d’ici 2012. Selon une responsable syndicale française, “tous les salariés, français, allemands, espagnols, anglais se sont interrogés sur leur avenir, même si on dit qu’il n’y aura pas de suppressions de postes”.

 01/10/2008 13:57:03 – Â© 2008 AFP