Le gouvernement déterminé à légiférer sans attendre sur les parachutes dorés

 
 
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ège de Dexia à Bruxelles le 1er octobre 2008 (Photo : Dirk Waem)

[01/10/2008 19:47:47] PARIS (AFP) Dans sa quête affichée de moralisation du capitalisme, le gouvernement a décidé de légiférer pour encadrer les parachutes dorés, plus que jamais critiqués alors que le patron de Dexia pourrait toucher une généreuse indemnité de départ, malgré la quasi-faillite de sa banque.

Le gouvernement va proposer “dans les prochaines semaines” un projet de loi limitant ces indemnités record accordées à certains dirigeants d’entreprises, a annoncé mercredi le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

Dans la foulée, le gouvernement a également demandé à la Caisse des dépôts et consignations, actionnaire de Dexia, de s’opposer au versement des indemnités de départ d’Axel Miller, le patron de la banque franco-belge tout juste sauvée de la faillite.

L’entourage de Christine Lagarde a rappelé pour sa part que la ministre de l’Economie était “opposée à l’attribution de parachutes dorés dans les situations d’échec de l’entreprise”.

Axel Miller pourrait toucher une indemnité de départ de 3,7 millions d’euros, selon les termes de son contrat cité dans le rapport annuel du groupe. Les conditions financières du départ de Pierre Richard, président du conseil d’administration de la banque, ne sont pas précisées.

Didier Migaud, le président PS de la commission des Finances à l’Assemblée, et Jean Arthuis, président (UC-UDF) de la commission des Finances du Sénat, se sont dits “choqués” par l’éventualité d’une généreuse indemnité pour les patrons de Dexia.

“Il serait temps quand même que les hauts dirigeants se dotent d’un minimum d’éthique pour nous aider à aimer l’entreprise”, a jugé M. Arthuis, estimant que si on réglementait cette question, il fallait “que ce soit sur un espace économique suffisamment large, donc l’Europe”.

Dans son discours de politique économique de Toulon, le président Nicolas Sarkozy avait déclaré jeudi dernier vouloir mettre fin aux “abus” en encadrant “les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs”.

“Ou bien les professionnels se mettent d’accord sur des pratiques acceptables, ou bien le gouvernement de la République règlera le problème par la loi avant la fin de l’année”, avait-il dit.

Le même jour, la présidente du Medef, Laurence Parisot, avait promis que son mouvement ferait prochainement des propositions pour “remettre de la responsabilité dans l’ensemble du système” et recommanderait la suppression des parachutes dorés.

Sans attendre ses suggestions, le gouvernement a décidé de montrer son “volontarisme” sur le sujet, a souligné Luc Chatel.

Le mouvement patronal Ethic a regretté mercredi sa “précipitation”. Pour sa part, Laurence Parisot a estimé qu’aucun patron “qui a échoué” ne devait “toucher de parachute doré” et annoncé que le Medef ferait des propositions en ce sens “en tout début de semaine prochaine”.

En France, les parachutes dorés ont souvent défrayé la chronique. Dernière polémique en date: l’indemnité de 6 millions d’euros que pourrait toucher l’ancienne directrice générale d’Alcatel-Lucent, Patricia Russo.

Aux Pays-Bas, la presse a fait état mercredi d’une possible indemnité de 5 millions d’euros pour le directeur exécutif par intérim du bancassureur belgo-néerlandais Fortis, sauvé de la débâcle financière par une nationalisation partielle.

Les ministres européens des Finances ont prévu d’aborder la question des rémunérations des dirigeants le 7 octobre. Le Premier ministre belge Yves Leterme s’est d’ores et déjà déclaré mercredi opposé aux “parachutes dorés”.

 01/10/2008 19:47:47 – Â© 2008 AFP