[02/10/2008 19:44:50] PARIS, 2 oct 2008 (AFP)
L’adoption par le Sénat américain d’un de sauvetage historique du système bancaire n’a pas rassuré totalement les marchés jeudi, tandis que l’idée d’un plan similaire en Europe provoquait une certaine confusion et semblait rejetée au profit de solutions nationales. Le Sénat des Etats-Unis a approuvé par 74 voix contre 25 ce projet baptisé “Loi sur la stabilisation économique d’urgence de 2008”, qui débloque 700 milliards de dollars pour éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l’immobilier. Le plan donne, à cinq semaines de l’élection présidentielle, une latitude et des moyens sans précédent au secrétaire au Trésor, Henry Paulson, pour venir au secours du secteur bancaire. Le vote du Sénat ouvre la voie à l’approbation du texte dès vendredi par la Chambre des représentants, qui l’avait rejeté lundi à 228 voix contre 205, faisant brutalement chuter Wall Street et les Bourses mondiales. L’administration Bush a légèrement modifié son plan, introduisant un relèvement de 100.000 à 250.000 dollars du plafond des dépôts des clients dans les banques garanti par l’Etat. Des crédits d’impôts à la classe moyenne et aux entreprises ont également été introduits.
Le président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, s’est dit “très soulagé que l’obstacle du Sénat ait été franchi” et a appelé à un vote “rapide” à la Chambre des représentants. Dans une interview à Deutschland Radio, M. Juncker a jugé que le plan américain allait “certainement contribuer à calmer les marchés”. Mais la volatilité persistait sur les places boursières: si la plupart des Bourses européennes étaient en légère progression en milieu d’après-midi, Wall Street ouvrait en revanche en baisse, le Dow Jones perdant 1,02% vers 13H40 GMT (15H40 heure de Paris). La France a confirmé la tenue samedi à Paris d’un mini-sommet sur la crise financière, tout en essayant de gommer le sentiment de confusion et de division entre Européens qui entoure sa préparation.
Le président français Nicolas Sarkozy réunira autour de lui l’Allemande Angela Merkel, le Britannique Gordon Brown et l’Italien Silvio Berlusconi. “Ce sommet a pour objet de préparer la contribution des membres européens du G8 aux prochaines rencontres de cette enceinte consacrées à la crise financière internationale”, a déclaré la présidence française. Mais à deux jours de cette réunion restreinte, les Européens laissent éclater au grand jour leurs divergences sur la meilleure façon de venir au secours des banques en difficulté. L’Allemagne s’oppose à l’idée d’un fonds européen doté de 300 milliards d’euros, sur le modèle du plan Paulson aux Etats-Unis, idée avancée par la France selon une “source gouvernementale européenne”, ce qu’a démenti Paris. Selon le Premier ministre néerlandais, Jan-Peter Balkenende, il s’agirait d’un “malentendu”, dont les Pays-Bas seraient peut-être à l’origine. Ceux-ci proposent en effet à l’UE la création de fonds nationaux de sauvetage bancaire et non pas un fonds européen. “On peut se mettre d’accord sur le fait que des pays peuvent injecter un maximum de 3% de leur PIB (produit intérieur brut), ce qui reviendrait, si on additionnait tout ça en Europe, à 380 milliards d’euros”, a affirmé M. Balkenende. Gordon Brown s’est également montré favorable à des solutions nationales tout en reconnaissant que la crise financière a une “dimension européenne”. Pour M. Balkenende, il faut cependant éviter “les prises de position purement nationales” en faisant référence à l’Irlande, qui a décidé de garantir les dépôts et emprunts de ses six grandes banques, à hauteur de 400 milliards d’euros, soit deux fois son PIB annuel. L’octroi par Dublin d’une garantie illimitée aux banques irlandaises a mis en fureur leurs concurrentes britanniques et embarrasse fortement Londres, qui refuse d’adopter une telle mesure. La Banque centrale européenne (BCE) a choisi jeudi “à l’unanimité” de conserver son principal taux directeur à 4,25%, tout en reconnaissant avoir discuté de l’option d’une baisse des taux. Sur le front de l’inflation, le président de la BCE Jean-Claude Trichet a quelque peu adouci son message, estimant que les risques inflationnistes avaient “dimininé”, mais “pas disparu” |
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