[02/10/2008 14:24:37] PARIS (AFP)
Nicolas Sarkozy réunira samedi à Paris les quatre pays européens du G8 (Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, France) pour tenter d’élaborer une réponse commune à la crise financière mondiale, malgré les profondes divergences apparues entre eux sur les moyens à engager pour sauver leurs banques. Après deux jours de confusion et d’incertitudes, le président en exercice de l’UE a finalement réussi à imposer l’idée d’un mini-sommet, qui rassemblera l’Italien Silvio Berlusconi, l’Allemande Angela Merkel, le Britannique Gordon Brown et les présidents de la Commission européenne José Manuel Barroso, de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker et de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Louis Trichet. Pour Paris, cette réunion droit “préparer la contribution des membres européens du G8” au “nouveau Bretton Woods” que Nicolas Sarkozy a proposé au huit “grands” de la planète d’organiser, pour tirer les conséquences de la tempête financière. Mais, alors que la crise a traversé l’Atlantique pour faire ses premières victimes européennes, la rencontre tentera également d’ébaucher, en vue du Conseil européen des 15 et 16 octobre, une réponse coordonnée des 27 à l’instabilité financière. “L’idée est de faire émerger dès samedi un accord sur la philosophie et les principes de ce que pourrait être cette réponse”, avance-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat. Mais la tâche s’annonce délicate, à voir les déchirements apparus depuis mercredi sur l’idée d’un fonds européen de sauvetage des banques.
La mèche de la discorde a été allumée par un entretien de la ministre de l’Economie Christine Lagarde au quotidien allemand Handelsblatt, dans lequel elle a évoqué la création d’un fonds comme une “solution de secours européenne” pour sauver les banques des “Etats de petite taille”. Une source gouvernementale européenne à Berlin en a rapidement fait une proposition française dotée de 300 milliards d’euros, immédiatement et catégoriquement rejetée par l’Allemagne. La chancelière Angela Merkel a ainsi refusé mercredi “d’accorder des chèques en blanc aux banques”. Un plan similaire à celui du gouvernement américain “ne correspond pas à la structure politique de l’Europe”, a renchéri jeudi M. Trichet, M. Juncker le jugeant “pas nécessaire en Europe”. Les dénégations répétées de Mme Lagarde n’ayant pas suffi à calmer les esprits, M. Sarkozy est intervenu jeudi pour démentir “le montant et le principe” d’un “plan Paulson bis”. “Il n’y a jamais eu un tel plan”, assure un de ses conseillers. “La France n’est pas favorable à un tel fonds, car cela voudrait dire qu’il serait géré à 27. Autant dire qu’il serait peu efficace”, ajoute-t-il, “les réponses sont avant tout nationales, mais doivent être coordonnées”. Le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, auquel des sources avaient attribué l’idée d’un fonds européen et qui a déjeuné jeudi avec Nicolas Sarkozy, a finalement plaidé pour des “fonds nationaux” de sauvetage bancaire, tout en évoquant une somme globale de “380 milliards d’euros”.
Londres s’est également prononcé pour des solutions nationales, tout en exprimant son irritation après la décision irlandaise de garantir les dépôts dans six banques du pays, accentuant encore l’impression de confusion. Un autre thème, esquissé par M. Sarkozy à Toulon la semaine dernière, risque aussi de semer la zizanie : l’éventuelle dérogation, pour cause de crise, au dogme européen en matière de dette et déficits publics. Eurosceptique convaincu, Henri Guaino, conseiller du président, a lancé le débat en jugeant que “temporairement”, “la priorité” devrait être accordée au sauvetage système bancaire, pas au respect des règles. |
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