Prix alimentaires : dialogue de sourds entre distributeurs et industriels

 
 
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Un caddie dans une grande surface (Photo : Mychele Daniau)

[02/10/2008 15:25:12] PARIS, 2 oct 2008 (AFP) Le gouvernement et les distributeurs tablent pour les prochains mois sur une hausse des prix des produits alimentaires limitée entre 2% et 3% grâce à la baisse des cours des matières premières et à la loi de modernisation de l’économie (LME), mais les industriels sont sceptiques.

“Nous étions à la rentrée sur une inflation des produits alimentaires de 3% à 5%. L’objectif, c’est de passer à 2% à 3% dans les six mois”, a déclaré jeudi Luc Chatel, secrétaire d’Etat à la consommation, lors d’un colloque sur les “enjeux de la Loi de modernisation de l’économie” (LME), organisé par l’hebdomadaire spécialisé LSA.

Depuis près d’un an, les prix de l’alimentation sont en hausse constante en France, en grande partie à cause de la flambée des cours des matières premières intervenue en 2007.

En septembre, les prix ont continué à grimper, pour s’établir à +4,1% par rapport au même mois en 2007, selon le cabinet Nielsen Panel International.

Pour M. Chatel, les baisses des cours du pétrole et des matières premières constatées depuis cet été devraient permettre d’atteindre l’objectif de “2% à 3%”.

La LME, particulièrement le volet autorisant les distributeurs à négocier les tarifs des industriels, va aussi “permettre d’aligner les prix des grandes surfaces en France avec les autres pays européens”, selon M. Chatel.

La LME, adoptée cet été, comporte un volet important révisant les relations entre distributeurs et industriels, comme la possibilité d’ouvrir les magasins plus facilement ou encore la réduction des délais de paiement à 60 jours.

Comme chaque année, distributeurs et industriels viennent de commencer à négocier les tarifs qui seront appliqués l’année suivante. Les distributeurs dénoncent d’ores et déjà des hausses de tarifs injustifiées, alors que les cours des matières premières reculent.

“Nous avons reçu les tarifs de la moitié de nos fournisseurs. Ils demandent une hausse moyenne brute de 5,7% des tarifs”, a déploré Michel-Edouard Leclerc, patron du centre éponyme, reconnaissant toutefois que ces augmentations sont inférieures à celles de l’année dernière (+8%).

“Quand je prends les prix de certaines matières premières comme la poudre de lait, elle est actuellement en baisse de 30% à 45%, les oeufs reculent de 5% et le blé de 19%. J’en attends une répercussion sur les tarifs”, a insisté la patron du premier réseau français d’hypermarchés.

Il a réaffirmé avoir donné l’ordre à ses commerciaux de n’accepter aucune hausse de tarifs. Même son de cloche chez Intermarché, qui va refuser toutes hausses de tarifs et table sur une baisse des prix dès la fin de l’année. Leclerc prévoit une hausse des prix inférieure à 2% dans ses hypermarchés.

Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), s’est dit “stupéfait” des prévisions de ralentissement de l’inflation faites par M. Chatel et les distributeurs.

“Je ne vois pas dans les mois qui viennent d’éléments significatifs qui permettront aux industriels de baisser les tarifs”, a-t-il indiqué.

L’industrie agroalimentaire “est dépendante de la hausse des matières premières”, a-t-il souligné. “Il y a des baisses ponctuelles des cours, mais structurellement, la demande reste forte alors que les stocks et les récoltes sont faibles”, a-t-il soutenu.

 02/10/2008 15:25:12 – Â© 2008 AFP