La récession s’installe en France et ronge le pouvoir d’achat des ménages

 
 
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îne de chaîne de démontage de voitures, le 07 Février 2007 à Romorantin en Sologne. (Photo : Alain Jocard)

[02/10/2008 22:12:39] PARIS (AFP) Récession au second semestre réduisant la croissance à seulement 0,9% en 2008, pouvoir d’achat rongé par l’inflation et la faiblesse du marché du travail, crise immobilière : la France subira cette année de plein fouet l’impact de la crise internationale, prévoit l’Insee.

Dans la foulée du gouvernement, qui a revu en nette baisse ses prévisions pour 2008, l’Institut national de la statistique prend acte dans son dernier point de conjoncture du fait que “la croissance cale en zone euro” et que la France n’est pas épargnée par la crise.

Même si l’Insee juge pour l’instant prématuré d’employer le terme de “récession”, le PIB de la France devrait continuer à diminuer, perdant 0,1 point aux troisième et quatrième trimestres après une baisse de 0,3 point au deuxième trimestre. La récession est le plus souvent définie par au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

Grâce à la progression de 0,4% enregistrée au premier trimestre, la croissance serait tout de même de 0,9% cette année, contre 2,4% en 2006 et 2,1% en 2007.

Une diminution du PIB pendant trois trimestres consécutifs serait du jamais vu en France depuis la récession de 1993. Mais celle-ci s’était traduite par une baisse de la croissance “beaucoup plus marquée”, souligne Eric Dubois, chef du département de la conjoncture de l’Insee.

Si la croissance cale, c’est essentiellement lié à la panne de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance. Après avoir progressé de 2,5% ces deux dernières années, elle resterait “encore étale au deuxième semestre”, ne gagnant que 0,8% sur l’ensemble de 2008.

Le principal responsable est le pouvoir d’achat des ménages, qui accuserait encore une baisse de 0,4% au deuxième semestre. Au total, il ne progresserait que de 0,7% cette année, contre 3,3% l’an dernier. Selon un autre mode de calcul, non plus par ménage mais par “unité de consommation”, il diminuerait même de 0,2% en 2008.

Le pouvoir d’achat bénéficie certes d’un léger repli de l’inflation qui devrait se modérer à 2,4% (rythme annuel) en décembre, grâce au recul des prix du pétrole et des denrées alimentaires, après avoir atteint un pic de 3,6% en juillet. L’inflation moyenne serait alors de 3% sur l’ensemble de l’année.

Mais il serait “notamment pénalisé par la faiblesse du marché du travail”, avec 52.000 destructions d’emplois (tous secteurs confondus) au second semestre et un taux de chômage en hausse à 7,4% (France métropolitaine) à la fin de l’année.

“En outre, il serait moins soutenu en 2008 qu’en 2007 par les mesures fiscales nouvelles”, estime l’Insee.

Le recul du pouvoir d’achat s’ajoutant au durcissement des conditions de crédit lié à la crise financière internationale et aux difficultés sur le marché immobilier, l’investissement des ménages en logements neufs accuserait aussi une nette baisse: -2,5% en 2008 après +3,0% en 2007 et +7,1% en 2006.

L’investissement des entreprises résisterait mieux, mais souffrirait tout de même de la baisse de la demande, tant française qu’étrangère. Sur l’année, il ne progresserait que de 2,4%, contre 7,3% en 2007.

Quant au commerce extérieur de la France, déjà moribond avec un déficit volant de record en record (près de 50 milliards d’euros attendus cette année), il devrait lui aussi pâtir du ralentissement de l’économie mondiale et de la demande étrangère.

 02/10/2008 22:12:39 – Â© 2008 AFP