[03/10/2008 06:20:07] PARIS (AFP) Les Bourses mondiales restaient dans l’attente jeudi du vote par la Chambre des représentants américaine d’un ambitieux plan pour contrecarrer la crise financière, tandis que l’idée d’un plan européen provoquait la confusion et semblait rejetée au profit de solutions nationales. Wall Street, où plus de 1.000 milliards de dollars de capitalisation sont partis en fumée lundi, a rechuté jeudi, l’indice Dow Jones perdant 3,32%, et le Nasdaq 4,31%. Le Sénat des Etats-Unis avait approuvé mercredi le projet baptisé “Loi sur la stabilisation économique d’urgence de 2008”, débloquant 700 milliards de dollars pour éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l’immobilier. Mais le texte doit encore être approuvé vendredi par la Chambre des représentants, qui l’avait rejeté en début de semaine faisant brutalement chuter Wall Street et les Bourses mondiales. Le plan donne, à cinq semaines de l’élection présidentielle, une latitude et des moyens sans précédent au secrétaire au Trésor, Henry Paulson, pour venir au secours du secteur bancaire. “Je suis optimiste sur le fait que nous allons faire voter la loi”, a déclaré jeudi la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi. Le président George W. Bush a, lui, de nouveau appelé les parlementaires à l’approuver, expliquant que “c’est un problème qui dépasse largement New York et Wall Street. C’est un problème qui affecte les gens qui travaillent dur”. L’administration Bush a légèrement modifié son plan, introduisant une augmentation de la garantie par l’Etat des dépôts des clients dans les banques, le plafond garanti passant de 100.000 à 250.000 dollars. Des crédits d’impôts à la classe moyenne et aux entreprises ont également été ajoutés. Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a appelé de son côté à un vote “rapide” à la Chambre des représentants, jugeant que le plan américain allait “certainement contribuer à calmer les marchés”. Mais, les Bourses européennes ont pour la plupart clôturé en net repli, réagissant négativement à l’annonce par la Banque centrale européenne du maintien à 4,25% de ses taux directeurs, sans considération “pour les récentes faillites de banques et la récession à venir (ou en cours) dans la zone euro”, commentait à Paris Paul Niven, chargé d’allocation d’actifs chez F&C Asset Management. De même, Sao Paulo, première place financière d’Amérique du sud, a terminé en chute de 7,34%, tout comme Buenos Aires (5,43%) et Mexico (4,34%).
Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a affirmé que la crise financière représentait “une période d’incertitude absolument exceptionnelle”, “un événement jamais rencontré depuis la seconde guerre mondiale”. Mais alors que les Européens restaient divisés sur la réponse à y apporter deux jours avant un mini-sommet de chefs d’Etats européens à Paris, il a assuré que “ce n’est pas la zizanie” en Europe. Le président français, Nicolas Sarkozy, doit réunir samedi l’Allemande Angela Merkel, le Britannique Gordon Brown et l’Italien Silvio Berlusconi, pour “préparer la contribution des membres européens du G8 aux prochaines rencontres de cette enceinte consacrées à la crise financière internationale”. Mais jeudi, les Européens laissaient éclater au grand jour leurs divergences sur la meilleure façon de venir au secours des banques en difficulté. L’Allemagne s’oppose à l’idée d’un fonds européen doté de 300 milliards d’euros, sur le modèle du plan Paulson, idée avancée par la France selon une “source gouvernementale européenne” à Berlin, ce qu’a démenti Paris. Selon le Premier ministre néerlandais, Jan-Peter Balkenende, ce serait un “malentendu”, dont les Pays-Bas seraient peut-être à l’origine. Ceux-ci proposent en effet aux pays de l’UE la création de fonds nationaux de sauvetage bancaire et non pas un fonds européen. “On peut se mettre d’accord sur le fait que des pays peuvent injecter un maximum de 3% de leur PIB (produit intérieur brut), ce qui reviendrait, si on additionnait tout ça en Europe, à 380 milliards d’euros”, a affirmé M. Balkenende. Gordon Brown s’est également montré favorable à des solutions nationales tout en reconnaissant que la crise financière a une “dimension européenne”. Pour M. Balkenende, il faut cependant éviter “les prises de position purement nationales” en faisant référence à l’Irlande, qui a décidé de garantir les dépôts et emprunts de ses six grandes banques, à hauteur de 400 milliards d’euros, soit deux fois son PIB annuel. Cette décision a suscité la fureur des banques concurrentes britanniques et embarrasse fortement Londres, qui refuse d’adopter une telle mesure. Pour sa part, l’Institut international de la finance (IIF), qui regroupe les grandes banques mondiales, a plaidé pour la création d’un fonds européen, demandant qu’il soit assez souple pour permettre de recapitaliser les banques. |
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