[03/10/2008 14:07:06] PARIS (AFP) Le patron de Dexia, Axel Miller, a dû renoncer à une indemnité de départ de 3,7 millions d’euros sous la pression du gouvernement, qui a menacé de ne pas débloquer l’argent nécessaire au sauvetage de la banque franco-belge, face au tollé suscité par ce “parachute doré”. Un porte-parole de Bercy a fait savoir vendredi que M. Miller, qui a présenté sa démission mardi après l’annonce d’un plan de sauvetage de 6,4 milliards d’euros de l’établissement, avait “accepté de renoncer aux indemnités de départ auxquelles il avait droit contractuellement”. L’éventualité que M. Miller perçoive une indemnité de 3,7 millions d’euros, selon les termes de son contrat, alors que Dexia a échappé de justesse à la faillite, avait suscité une vive polémique. Le gouvernement a demandé à la Caisse des dépôts de s’y opposer en tant qu’administrateur de Dexia, tandis que le Premier ministre belge Yves Leterme a fait savoir qu’il réprouvait cette pratique. Pour sa part, la présidente du Medef Laurence Parisot a estimé qu’un patron qui a échoué ne devrait pas toucher de parachute doré. Avec cette annonce, confirmée par l’intéressé, le gouvernement a pris de court le comité des rémunérations de Dexia qui devait décider lundi d’attribuer ou non cette indemnité à M. Miller. De fait, une incertitude planait sur le droit de ce dernier à la percevoir car, selon les termes de son contrat, elle ne pouvait être versée qu’en cas de départ forcé du dirigeant. Si M. Miller a, de son côté, indiqué avoir présenté sa démission au conseil d’administration, en revanche Mme Lagarde a affirmé que les dirigeants de la banque étaient partis sur décision des gouvernements. Sans attendre la réunion de lundi, le gouvernement a donc imposé à M. Miller qu’il renonce à son parachute doré, menaçant dans le cas contraire de ne pas participer à la recapitalisation de la banque.
“L’idée même que les dirigeants qui ont porté Dexia dans ses difficultés puissent bénéficier d’un parachute doré était particulièrement choquante”, a justifié vendredi le porte-parole du gouvernement Luc Chatel. Emboîtant le pas au gouvernement français, qui avait fait part dès mercredi de son projet d’encadrer les parachutes dorés, les ministres européens des Finances se préparent à adopter plusieurs recommandations sur cette pratique. Axel Miller avait affirmé mardi qu’il était opposé aux parachutes dorés quand les patrons avaient démérité, ce qu’il n’estimait pas être son cas. Cependant, vendredi, il a cédé à la pression. “Je m’en remets à la sagesse du conseil d’administration pour déterminer, à la fin de la gestion des affaires courantes qui m’a été confiée, le bilan de mon action au sein du groupe Dexia”, a-t-il déclaré. En France, cette décision n’a qu’un précédent: en 2003, Pierre Bilger, alors PDG d’Alstom, avait abandonné son indemnité de départ de 4,1 millions d’euros pour ne pas être “un motif de scandale” alors que son groupe était confronté à de graves difficultés. Récemment, l’éventualité que l’ancienne directrice générale d’Alcatel-Lucent, Patricia Russo, touche une indemnité de départ de 6 millions d’euros, alors que l’équipementier s’enfonce dans la crise, a créé des remous. Aux Pays-Bas, la presse a fait état d’une possible indemnité de 5 millions d’euros pour le directeur exécutif par intérim du bancassureur belgo-néerlandais Fortis, sauvé lui aussi de la faillite par une nationalisation partielle. |
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