[03/10/2008 16:32:29] PARIS (AFP)
Le patron de Dexia, Axel Miller, a dû renoncer à une indemnité de départ de 3,7 millions d’euros, sous la pression du gouvernement français qui a menacé de ne pas débloquer l’argent nécessaire au sauvetage de la banque franco-belge, face au tollé suscité par ce “parachute doré”. Un porte-parole du ministère des Finances a fait savoir vendredi que M. Miller, qui a présenté sa démission mardi après l’annonce d’un plan de sauvetage de 6,4 milliards d’euros de l’établissement par les gouvernements belge, français et luxembourgeois, avait “accepté de renoncer aux indemnités de départ auxquelles il avait droit contractuellement”. L’éventualité que M. Miller perçoive une indemnité de 3,7 millions d’euros, selon les termes de son contrat, alors que Dexia a échappé de justesse à la faillite, avait suscité une vive polémique. Le gouvernement a demandé à la Caisse des dépôts, qui en est actionnaire, de s’y opposer en tant qu’administrateur de Dexia, tandis que le Premier ministre belge, Yves Leterme, a fait savoir qu’il réprouvait cette pratique. La présidente du Medef (patronat français), , a elle aussi estimé qu’un patron qui a échoué ne devait pas toucher de parachute doré. Avec cette annonce, confirmée par l’intéressé, le gouvernement français a pris de court le comité des rémunérations de Dexia qui devait décider lundi d’attribuer ou non cette indemnité à M. Miller. De fait, une incertitude planait sur le droit de ce dernier à la percevoir car, selon les termes de son contrat, elle ne pouvait être versée qu’en cas de départ forcé du dirigeant. Si M. Miller a, de son côté, indiqué avoir présenté sa démission au conseil d’administration, la ministre française de l’Economie Christine Lagarde a affirmé que les dirigeants de la banque étaient partis sur décision des gouvernements.
Sans attendre la réunion de lundi, le gouvernement a donc imposé à M. Miller qu’il renonce à son parachute doré, menaçant dans le cas contraire de ne pas participer à la recapitalisation de la banque. “L’idée même que les dirigeants qui ont porté Dexia dans ses difficultés puissent bénéficier d’un parachute doré était particulièrement choquante”, a souligné vendredi le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel. Emboîtant le pas à la France, qui avait fait part dès mercredi de son projet d’encadrer les parachutes dorés, les ministres européens des Finances se préparent à adopter plusieurs recommandations sur cette pratique. Axel Miller avait affirmé mardi qu’il était contre les parachutes dorés quand les patrons avaient démérité, mais avait souligné qu’il n’estimait pas être dans ce cas de figure. Cependant, vendredi, il a cédé à la pression. “Je m’en remets à la sagesse du conseil d’administration pour déterminer, à la fin de la gestion des affaires courantes qui m’a été confiée, le bilan de mon action au sein du groupe Dexia”, a-t-il déclaré. En France, cette décision n’a qu’un précédent: en 2003, Pierre Bilger, alors PDG d’Alstom, avait abandonné son indemnité de départ de 4,1 millions d’euros pour ne pas être “un motif de scandale”, alors que son groupe était confronté à de graves difficultés. Récemment, l’indemnité de 6 millions d’euros prévue pour l’ancienne directrice générale d’Alcatel-Lucent, Patricia Russo, alors que l’équipementier s’enfonçait dans la crise, a créé des remous. Aux Pays-Bas, la presse a fait état d’une possible indemnité de 5 millions d’euros pour le directeur exécutif par intérim du bancassureur belgo-néerlandais Fortis, sauvé lui aussi de la faillite par une nationalisation partielle. |
||||
|