Mini-sommet européen samedi dans l’espoir de rassurer les marchés et les opinions

 
 
[03/10/2008 20:35:33] PARIS (AFP)

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à Marseille (Photo : Eric Feferberg)

Convoqué dans la douleur, le mini-sommet européen voulu par le président français Nicolas Sarkozy va s’attacher samedi à lancer un signal politique fort aux opinions et aux marchés sur la crise financière, mais les mesures concrètes devraient être assez rares.

Ce sommet des quatre grands d’Europe –Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie– se veut la première étape de la refondation du capitalisme financier, appelée de ses voeux par le chef de l’Etat français, président en exercice de l’Union européenne.

Il sera précédé d’un entretien au palais de l’Elysée entre M. Sarkozy et le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

Sa préparation a été marquée par des déchirements franco-allemands. Berlin a taillé en pièces l’idée, prudemment avancée par la France, d’un fonds de sauvetage des banques en difficulté, à l’image du plan Paulson aux Etats-Unis.

Une telle annonce aurait pourtant pu constituer “un signal important”, selon une source européenne, à même de frapper les esprits d’Européens angoissés par l’impact de la crise sur leur vie quotidienne.

“La France veut être proactive (…) Elle veut prendre des initiatives, quitte à ce qu’elles ne soient pas toutes suivies d’effet, plutôt que d’être accusée d’immobilisme”, a déclaré vendredi Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes.

Evoqué dans un premier temps par la ministre française des Finances Christine Lagarde, ce projet, pour lequel un montant de 300 milliards d’euros a été cité, a été accueilli par un tir de barrage partout en Europe. Qu’il s’agisse du président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet ou du chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker, tous ont rejeté l’idée.

Avant tout, les Européens veulent essayer d’harmoniser leur réponse à la crise. Le gouvernement irlandais, par exemple, a irrité ses partenaires en offrant une garantie illimitée sur tous les dépôts dans les six banques irlandaises. Les Britanniques ont dénoncé une distorsion de concurrence inadmissible.

Le sommet adressera au moins un message implicite aux Irlandais, selon un diplomate français.

“Plusieurs Etats membres ont dû, dans l’urgence, prendre des mesures pour assurer la sauvegarde de leur système bancaire national”, mais “l’intérêt européen commande un effort intense de coordination et de convergence des actions à mener”, a écrit vendredi M. Sarkozy dans une lettre au président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Le président du parlement européen, l’Allemand Hans-Gert Pöttering, a du reste souligné vendredi que le mini-sommet ne pouvait que “faire des propositions” aux 27, quatre pays ne pouvant “décider pour l’ensemble de l’Union européenne”

La réponse des Européens sera avant tout technique. Il s’agit de proposer des pistes pour une meilleure régulation de la finance mondiale, afin d’éviter les dérives qui ont conduit à cette crise qualifiée par Jean-Claude Trichet d'”événement jamais rencontré depuis la seconde guerre mondiale”.

La réflexion doit s’engager “sur les fonds propres des banques, sur leur capacité de crédit, sur leurs activités de titrisation et sur leur effet de levier potentiel”, a indiqué vendredi Jean-Pierre Jouyet.

“Nous devons aussi avoir une réflexion sur les normes comptables”, a-t-il ajouté. La France considère que les règles comptables actuelles sont pénalisantes pour les banques, en les obligeant à corriger régulièrement la valeur des actifs inscrits à leurs bilans.

Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, Gordon Brown et Silvio Berlusconi devraient se retrouver samedi en fin d’après-midi au Palais de l’Elysée, en compagnie de Jean-Claude Trichet, Jean-Claude Juncker et de M. Barroso.

Ce dernier devrait confirmer l’assouplissement ponctuel des règles de concurrence pour permettre le sauvetage des banques par les Etats. Mais il ne sera pas question pour l’instant de prendre des libertés avec les règles budgétaires de Maastricht, selon un diplomate français.

Les Européens se retrouveront ensuite à 27 lundi à Luxembourg pour une réunion des ministres des Finances, puis ils exposeront leurs idées d’un G7 finances en fin de semaine prochaine à Washington. Enfin, Nicolas Sarkozy espère un sommet spécial du G8 après les élections américaines.

 03/10/2008 20:35:33 – Â© 2008 AFP