[04/10/2008 21:10:35] PARIS (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel sort la tête haute du sommet du G4 qui a consacré sa doctrine d’une prise en charge par chaque pays de ses propres banques, alors même qu’une défaillance bancaire historique menace en Allemagne. Dès son arrivée samedi à Paris, Mme Merkel a affiché sa détermination : après un échange animé sur le perron du palais de l’Elysée avec son hôte, le président français Nicolas Sarkozy, elle a fait bouleverser le protocole pour s’adresser à la presse. Et avant de rejoindre la réunion convoquée par la France entre les quatre premières puissances européennes, elle a pu répéter aux journalistes son leitmotiv: “Chaque pays doit prendre ses responsabilités au niveau national” pour empêcher un effondrement du système bancaire. Pas question pour la chancelière allemande de transposer à l’échelle de l’Europe la solution américaine : un grand fonds alimenté par les différents pays en fonction de leurs moyens respectifs, et destiné à secourir des banques défaillantes. A moins d’un an des élections législatives allemandes, Mme Merkel ne peut se permettre d’endosser une telle idée, qui serait extrêmement dispendieuse pour le contribuable allemand, déjà premier pourvoyeur du budget de l’Union européenne. Mercredi, le gouvernement allemand avait tiré à boulets rouges après l’évocation par la ministre française de l’Economie Christine Lagarde d’un tel fonds européen, et des spéculations sur une dotation de 300 milliards d’euros. Paris s’était alors fendu de démentis en rafale. Samedi encore lors d’une conférence de presse finale, aux côtés d’une Angela Merkel tout sourire, M. Sarkozy a martelé qu’il n’avait “jamais” eu une telle intention. Tout en plaidant pour que chaque Etat balaye devant sa porte face aux risques de faillites bancaires, la chancelière allemande n’en a pas moins appelé à des concertations entre pays et critiqué le cavalier seul de l’Irlande. “Je ne suis pas satisfaite” de la garantie accordée par le gouvernement de Dublin aux plus grandes banques irlandaises, qu’elle juge déloyale en termes de concurrence, a fait savoir samedi Mme Merkel. Entre réponse nationale et concertation européenne : la chancelière allemande va rapidement avoir l’occasion de mettre en pratique ses préceptes. Le système bancaire allemand, dont Berlin vante sans cesse la solidité, vit un vrai drame. La banque immobilière Hypo Real Estate (HRE) a annoncé samedi soir l’échec du plan de sauvetage de 35 milliards d’euros – le plus gros de l’histoire allemande – censé la sauver de la faillite. Désormais, elle “lutte pour sa survie”, selon un porte-parole. Le consortium de banques impliquées dans cette opération “a refusé de fournir les lignes de liquidités” prévues. Selon la presse allemande, les difficultés de ce poids lourd ont été sous-évaluées. Ce n’est pas de 35, mais de 100 milliards d’euros que l’établissement aurait besoin… Samedi soir, le porte-parole d’Angela Merkel a “décliné tout commentaire” à ce sujet. Et la négociation sera rude au sein du gouvernement de coalition allemand, où les sociaux-démocrates comme les conservateurs veulent faire bonne figure dans l’optique des élections. Le ministre des Finances Peer Steinbrück, social-démocrate, a déjà regretté “que les contribuables allemands doivent payer pour les cabrioles des banques qui se sont installées à Dublin pour échapper au fisc allemand.” Il fait allusion à Depfa: cette filiale récemment acquise par Hypo Real Estate, dont elle plombe aujourd’hui les comptes, a son siège social en Irlande. Pour ne rien arranger, le prestigieux magazine Spiegel a publié samedi une liste noire de banques allemandes qui risqueraient de connaître rapidement des problèmes de liquidités. |
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