Pour les hôteliers,
c’est un pari pascalien (Rien à perdre, tout à gagner !) que d’investir dans
le chauffage de l’eau par l’énergie solaire. Pourtant, les chiffres de 2007 sont décevants dans ce
domaine car, sur le parc total de 245.000 m2 installés en
Tunisie, le secteur tertiaire (auquel appartient l’hôtellerie) ne représente
que 4% !
Quelle est l’énergie qui
possède les plus grands potentiels en Tunisie (et dans le monde !) et qui
est complètement gratuite mais que l’on n’utilise pas à sa juste mesure ? Evidemment c’est l’énergie solaire et la Tunisie, bénie par des conditions
climatiques favorables, connaît des moments d’ensoleillement qui dépassent
les 3.000 heures par an. Une moyenne de plus de 8 heures par jour dans une
année où tous les jours seraient ouvrables !
De cette manne naturelle,
nous ne pouvons évidemment tirer que ce que permet la technologie alors que
le domaine du solaire recèle des trésors encore cachés que la
Recherche&Développement, motivée par la tendance des hydrocarbures à la
rareté et à l’exagération des prix, exhumera certainement dans les années
qui viennent.
Aujourd’hui, en l’état actuel de la technologie, les chauffe-eau solaires
représentent l’une des utilisations les plus importantes de l’énergie
solaire puisque cette technique est capable de baisser de 70% la facture du
chauffage de l’eau sanitaire.
En Tunisie, 245.000 m2
de capteurs solaires sont installés à la fin de 2007 avec la part du lion
revenant au domaine résidentiel ; c’est-à-dire les gens comme vous et moi
avec 96% du total.
Cela ne laisse qu’un
maigre 4% pour le tertiaire (i.e. le secteur des services) dont fait partie
notre hôtellerie en plus des hammams et les foyers universitaires.
Néanmoins, il faut convenir que ce chiffre n’est pas vraiment dramatique.
Loin s’en faut car, sur les 800 hôtels actifs en Tunisie, quelque 70 unités
sont équipées de systèmes collectifs de chauffe-eau solaire totalisant 8.000
m2 de capteurs photovoltaïques au sein du programme ‘’PROSOL
Collectif’’ géré par l’Agence nationale pour la maîtrise d’énergie (ANME).
Maintenant, le tertiaire
devrait prendre exemple sur le résidentiel dont la réussite prend chaque
jour plus d’ampleur. A vrai dire, les 8.000 m2 que nous venons
d’évoquer restent encore loin du but des 60.000 m² dans le secteur tertiaire
décidés dans le Programme PROSOL-Tunisie 2008-2011.
Les observateurs restent
quand même positifs vu le très fort potentiel global de chauffage solaire de
l’eau sanitaire dans les hôtels. En effet, leurs besoins estimés d’eau
chaude caracole vers les 6 millions de m3 qu’il faut placer dans
le contexte de leurs besoins en énergie estimés à 28.000 tep/an (tonnes
équivalent pétrole par année). Plus loin, on voit le potentiel de
chauffe-eau sanitaire allant à 170.000 m² de capteurs qui peuvent nous
permettre des économies d’énergie de 17.000 tep/an.
Pour encourager les
hôteliers à investir dans le solaire, des aides financières, des mesures
d’encouragement, des mécanismes d’appui, des mesures d’accompagnement…
visent à les faire bénéficier de primes, de bonifications, des privilèges
fiscaux, des prises en charge à 50% des études de faisabilité, des aides aux
plans de communication, des formations qualifiantes, de la sensibilisation,
du coaching… par le biais du FNME, des fonds MIET-PNUE, de la GTZ
(coopération allemande)…
Dans l’absolu, la cible
privilégiée du projet a déjà été identifiée par l’ANME. Il s’agit de pas
moins de 422 hôtels de catégories 3 étoiles et plus pour une surface totale
de capteurs solaires de près de 90 mille m3.
Mais, pour avancer
progressivement, une décision présidentielle a déterminé une cible à cours
terme visant 80 hôtels pour un total de 16.000 m² de capteurs solaires.
En première ligne, les
hôtels de Gafsa-Tozeur, Sbeitla-Kasserine et Tabarka-Aïn Draham puis ceux de
Djerba-Zarzis.
En vérité, les hôteliers
font un pari pascalien (Rien à perdre, tout à gagner !) en adhérant au
programme PROSOL Collectif puisqu’ils peuvent profiter immédiatement de 40%
de subvention et la promesse d’améliorer la rentabilité économique du projet
solaire, réaliser des
économies d’énergie et des gains financiers, faire face à d’éventuelle
augmentation des prix de l’énergie et, cerise sur le gâteau, afficher un
label écologique auprès des Tour-opérateurs (T.O). Un label qui est
indéniablement un atout de taille pour l’hôtel au regard de la profonde
sensibilité aux questions écologiques, et pas seulement de la clientèle
occidentale puisque tout le monde y vient progressivement au fur et à mesure
de la montée de la conscience planétaire pour le développement durable. Au
XXIème siècle, l’hôtel devra être écolo ou… ne pas être !
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