[06/10/2008 10:07:39] BRUXELLES (AFP)
La réorganisation du secteur bancaire précipitée par la crise financière se poursuit: BNP Paribas reprend le contrôle de Fortis en Belgique et au Luxembourg pour 14,7 milliards d’euros, tandis que l’Etat belge devient le premier actionnaire du groupe français. Après un week-end de tractations, les autorités belges et luxembourgeoises ont annoncé que BNP Paribas prendrait 75% des activités bancaires belges de Fortis –l’Etat belge conservant les 25% restants– et 100% des activités assurance Belgique. Le français prendra aussi 66% de Fortis Luxembourg, le reste revenant au gouvernement luxembourgeois. En échange, BNP Paribas verra l’Etat belge devenir son premier actionnaire avec “environ 11,7%” du capital, tandis que l’Etat luxembourgeois prendra 1,1%, a expliqué à Bruxelles son directeur général, Baudouin Prot. Cette opération va donner naissance à “la première banque européenne par le montant des dépôts” (600 milliards d’euros), devant la néerlandaise ING (525 milliards d’euros) et l’allemande Deutsche Bank (460 milliards d’euros), a indiqué BNP Paribas. Après un renflouement de 11,2 milliards dimanche dernier pour sauver le premier employeur privé de Belgique de la tempête financière, le gouvernement belge et le gouvernement luxembourgeois ont “décidé de mettre en place des mesures complémentaires qui visent à assurer de façon durable la solvabilité de Fortis Banque”, a expliqué le Premier ministre belge Yves Leterme. On est “arrivé à une solution” qui “protège les épargnants et qui “veille à ce qu’aucun client ne soit face à des problèmes”, a-t-il assuré lors d’une conférence de presse. Baudouin Prot s’est lui félicité que BNP Paribas, qui récupère ainsi quelque 1.500 agences supplémentaires dans six pays, soit désormais puissant sur “quatre marchés de la zone euro: “nous étions déjà en France, depuis 2006 en Italie, et nous allons devenir le premier opérateur bancaire en Belgique et au Luxembourg”, a-t-il indiqué.
La présence des Etats belge et luxembourgeois au capital va selon lui “conforter les fonds propres et la solidité” de BNP Paribas, jusqu’ici relativement épargné par la crise. Pour aider à relancer Fortis, une structure séparée sera créée dans laquelle seront transférés quelque 10,4 milliards d’actifs à risque qui étaient pour beaucoup dans la crise de défiance dont le bancassureur fait l’objet depuis deux semaines. BNP Paribas n’aura que 10% de cette holding, l’Etat belge 24% et Fortis Groupe 66%. Cette réorganisation constitue la troisième étape de l’opération lancée le week-end dernier pour sauver le belgo-néerlandais Fortis, première grande banque européenne à subir de plein fouet l’ouragan financier qui balaie les Etats-Unis depuis plusieurs semaines. La première, décidée dans l’urgence, avait vu les Etats belge, néerlandais et luxembourgeois nationaliser partiellement le groupe en prenant chacun 49% des parts des activités dans leur pays respectif. La seconde, annoncée vendredi, a vu le gouvernement néerlandais prendre le contrôle de la quasi-totalité des activités néerlandaises du groupe –y compris le “fleuron” que représentent les actifs d’ABN Amro– pour 16,8 milliards d’euros. Les grandes manoeuvres devraient continuer, la crise ne montrant pas de signe d’accalmie: Berlin –qui a annoncé un plan pour sauver la 4e banque du pays– Vienne et Copenhague ont dû annoncer dimanche des garanties exceptionnelles pour les dépôts des particuliers. Yves Leterme a laissé entendre que le franco-belge Dexia, déjà renfloué mardi dernier avec plus de 6 milliards d’euros, pourrait lui aussi être encore restructuré. |
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