[06/10/2008 13:15:24] PARIS (AFP)
Le président Nicolas Sarkozy visite lundi matin avec le PDG de Renault Carlos Ghosn l’usine du constructeur automobile à Sandouville (Seine-Maritime), où un millier d’emplois doivent être supprimés dans le cadre d’un plan social, a annoncé vendredi l’Elysée. Une partie des salariés de l’usine, située près du Havre, ont cessé le travail lundi matin, a-t-on appris de source syndicale. Nicolas Sarkozy a renoncé à rencontrer les ouvriers de la chaîne de montage parce que, a-t-il dit, “il est difficile de rencontrer les salariés quand ils font grève”, comme c’était le cas pour partie d’entre eux. “Malheureusement, j’aurais bien voulu les rencontrer, mais comme il y a un mot d’ordre de grève, c’est difficile de rencontrer les salariés quand ils sont en grève”, a expliqué à la presse le président de la République. “Si j’étais venu sur les chaînes uniquement pour rencontrer ceux qui ne font pas grève, on m’aurait dit oui, vous choisissez la facilité, puisque vous ne rencontrez que ceux qui sont d’accord avec vous… En accord avec toutes les organisations syndicales, j’ai décidé de revenir un jour où ils ne seraient pas en grève”, a ajouté M. Sarkozy. Le président “a regretté qu’il y ait eu une manifestation, et qu’il n’ait pas pu aller à la rencontre des salariés sur les chaînes”, a pour sa part commenté Guy Vallot, secrétaire FO du comité d’entreprise, qui avait assisté à une réunion à huis clos entre M. Sarkozy et les syndicats. Des grévistes se sont regroupés à l’appel de la seule CGT devant les portes de cette usine de 3.700 salariés fragilisée par la mévente de la nouvelle Laguna et minée par le chômage économique. “Sarkozy, t’es foutu les Renault sont dans le rue”, ont scandé les manifestants, au nombre de 300 environ, qui ont allumé un feu de pneus et lancé des pétards.
Dans le rassemblement, figuraient des salariés de l’usine Renault de Cléon, près de Rouen et de sous-traitants comme Faurecia ou Plastic omnium. “Nous prenons acte de la construction d’un véhicule utilitaire en 2012 (annoncé par l’Elysée, mardi dernier, NDLR) mais nous nous interrogeons sur les volumes et sur ce que nous faisons d’ici là”, a dit Fabrice Leberre délégué CGT. A l’intérieur de l’usine, des salariés CGT qui voulaient approcher de la salle où le président Nicolas Sarkozy devait être reçu ont été repoussés par la police et maintenus à distance. “Je n’ai jamais vu la police rentrer dans l’usine depuis qu’elle existe, même en 68, c’est une honte”, a déclaré Lionel Lepage, délégué CGT. “Avec les journées de chômage, les salariés perdent 400 euros par mois, ils veulent payer leur maison et des cadeaux à leurs enfants pour Noël, et voila ce qu’on leur fait”, a dit un autre délégué CGT, Nicolas Guermonprez. Mardi à l’Elysée, le PDG de Renault s’est engagé devant le chef de l’Etat à assurer la pérennité de ses sites français, notamment celui de Sandouville où doit être construit à partir de 2012 un nouveau véhicule utilitaire. Le groupe français a annoncé mi-septembre la suppression de 2.000 emplois dans ses filiales de dix-neuf pays européens dont la France, essentiellement par des départs volontaires. Ce plan a suivi de deux mois l’annonce de 4.000 départs volontaires sur les sites français de la maison mère, dont 1.000 à l’usine de Sandouville. Les syndicats de Renault ont voté contre le plan prévoyant 4.000 départs volontaires en France, vendredi lors d’un Comité central d’entreprise (CCE) dont l’avis est consultatif, au cours duquel la direction a présenté des mesures d’accompagnement renforcées.
La direction de Renault n’a pas souhaité communiquer sur le contenu de ces mesures avant la tenue des comités d’établissements les 6 et 7 octobre. Dans un communiqué, elle a répété qu’elles concerneront “3.000 personnes non directement liées à la fabrication, auxquelles s’ajouteraient environ 1.000 personnes à l’usine de Sandouville” en Seine-Maritime. Après l’annonce de ce dernier plan, le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez avait jugé jeudi que Renault devait “assumer la reconversion” des bassins d’emploi concernés par ses mesures de “départs volontaires”. Dans un entretien accordé aux Echos vendredi, son collègue de l’Industrie, et porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a indiqué que l’Etat conserverait ses 15% du capital du constructeur automobile, estimant que sans cette participation, “il n’aurait sans doute pas obtenu les garanties” données mardi par Carlos Ghosn à Nicolas Sarkozy. |
||||||
|