La crise financière fait plonger le pétrole sous les 90 dollars

 
 
[06/10/2008 21:54:53] NEW YORK (AFP)

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à essence (Photo : Behrouz Mehri)

Les prix du pétrole ont chuté sous les 90 dollars lundi à New York, en raison de l’aggravation de la crise financière en Europe, qui fait craindre un fort ralentissement de la demande de brut dans les années à venir.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en novembre a fini à 87,81 dollars, en baisse de 6,07 dollars par rapport à la clôture de vendredi.

Il est tombé en séance à 87,56 dollars, un niveau plus vu depuis début février, et affiche désormais une chute de 40% par rapport à son record, à 147 dollars, atteint le 11 juillet.

A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a chuté de 6,57 dollars, terminant à 83,68 dollars. Il a touché 83,36 dollars en séance.

“Le raisonnement est simple pour les investisseurs: une contraction de l’économie signifie une baisse de la demande, et donc des prix”, a expliqué John Kilduff, de MF Global.

L’adoption vendredi par les Congrès américain du plan de 700 milliards de dollars pour soutenir les banques n’a pas suffi à rassurer les opérateurs, alors que l’aggravation de la crise en Europe faisait plonger les Bourses dans le monde entier.

La réunion samedi à Paris d’un G4 entre dirigeants allemand, britanniques, français et italiens, n’a pas eu d’effet, n’étant pas allée au-delà des déclarations d’intention selon les analystes.

“Clairement, il en faudra plus pour convaincre les marchés”, a jugé M. Kilduff.

L’extension de la crise financière à l’Europe renforce le scénario d’un ralentissement économique mondial durable, voire d’une récession, et entame les perspectives de demande énergétique.

“Le pétrole avait connu une période sans précédent d’emballement de la demande, qui avait commencé par les Etats-Unis et s’était répandue à la Chine et au reste du monde”, a relevé Phil Flynn, d’Alaron Trading.

“L’affaiblissement de la croissance de la demande a débuté aux Etats-Unis et va prendre le même chemin”, a-t-il ajouté.

Selon les statistiques du Département américain à l’Energie, la consommation de produits pétroliers du pays a flanché de 7,1% sur les quatre dernières semaines par rapport à l’an dernier, à 19 millions de barils par jour.

“La contagion est en marche. La Chine ne va pas importer d’essence en octobre, pour le deuxième mois consécutif”, a renchéri M. Kilduff.

La Chine est considérée, avec les grands pays émergents, comme le moteur de la demande actuelle d’or noir.

En plus des craintes sur la demande, le pétrole est victime de son succès auprès des investisseurs. Dans un contexte de panique financière, les fonds spéculatifs, qui avaient acheté du pétrole en début d’année pour se protéger contre la dépréciation du dollar et diversifier leur placements, désertent le marché.

Et le regain du dollar – qui a touché un nouveau plus haut depuis plus quatorze mois face à l’euro, tombé sous 1,35 dollar – ne fait qu’accélérer les choses: il enlève au pétrole son attrait de valeur anti-inflation.

La chute des prix pourrait inciter l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à réduire sa production lors de sa prochaine réunion en Algérie, le 17 décembre.

Faisant déjà pression en ce sens, le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, a estimé samedi que le prix du baril de pétrole ne devrait pas être inférieur à 100 dollars.

 06/10/2008 21:54:53 – Â© 2008 AFP